Peu à peu ton souffle se calme, tu reprends contenance. Tes yeux se perdent sur l’extérieur, puis ta tenue. Tu replaces ta robe comme il faut, avant de te pencher pour te saisir de la veste de Seth et la disposer sur tes épaules, telle une protection fictive. Au moins cela a le mérite de te couper de son odeur, sentant à présent le parfum de Seth plutôt que le sien. Tu tiens le cap. Tu le sais qu’il va te haïr de la plus douloureuse des façons, mais il fallait bien qu’un de vous deux cesse cette foutue mascarade. Ne pouvant la couper tu préférais qu’il le fasse. Tu ne le détestais peut-être point tant que cela. Tu la ressens cette légère pointe de culpabilité. Tant pis. C’était la meilleure solution. Frustrante à un point… Tu serres ta mâchoire, focalisant ton regard sur l’extérieur, bien que tu ne le voies nullement. La voiture finit par s’engouffrer dans le sous-sol et s’arrêter, t’arrachant à tes réflexions. Seth t’ouvre la porte, tu t’extirpes du véhicule, te sentant prise d’une profonde fatigue. Il fronce les sourcils observant les vestiges de l’échange avec Seheiah surement. Il attrape délicatement ton menton, faisant tourner ton visage. Tu soupires. « Ça va Seth ! » Tu te dégages doucement de sa prise bien qu’il t’observe encore. Il ne dit rien, mais son regard trahit tout le ressentiment que cela lui inspire. Tu empruntes ce chemin que tu connais par cœur, jusqu’à l’ascenseur, attendant patiemment son arrivée, les bras croisées sur ta poitrine. Tu as besoin de dormir. Les portes s’ouvrent, tu t’écartes pour laisser passer les personnes souhaitant descendre, voyant simplement des contours flous. Tu entends juste le profond vomissement qui suit la sortie et qui heureusement ne t’atteint pas. « Charmant ! » Lances-tu ta remarque claquant l’air. Tu crois vaguement entendre une réponse agrémentée d’une insulte mais tu n’en as strictement rien à foutre Ivy. Tu ne veux plus que rentrer chez toi. Ton pouce et ton index viennent pincer l’arête de ton nez, tu les ressens les palpitations dans ton crâne. Ton esprit se réjouit de la proximité de ta demeure. Bientôt c’est lui qui s’éveillera, bientôt il te bercera dans un doux songe afin d’appréhender l’ensemble des évènements de la nuit. L’ensemble de tes perceptions commencent peu à peu à s’anesthésier, tu résistes encore Ivy. Ne tenant à perdre pied, te cachant derrière une fatigue et une lassitude évidente. Tu relâches ta prise sur ton nez en entendant la sonnerie indiquant votre arrivée au précieux étage. Seth se tourne vers toi « Je sais ! Pas bouger ! » Lui dis-tu avec une colère évidente. Faudrait être sacrément con pour avoir fait le club et chez toi, mais soit. Tu ne comptais pas te battre ce soir. Tu ne comptais plus te battre ce soir. Tu passes ta main sur ta nuque, tes nerfs te tiennent fébrilement. Il suffirait de si peu. Seth te donne enfin le feu vert et tu t’engouffres dans ton appartement. Endroit familier, presque apaisant d’une certaine façon. Tu fais tomber la veste de Seth de tes épaules à l’entrée, tes chaussures proche de ta cuisine, et sans le moindre regard ou mot tu te rends dans ta chambre, ta porte claquant au passage, induit par ton empressement plutôt qu’une quelconque manifestation de colère. Tu te débarrassés de ta robe avant de filer sous ta douche, laissant l’eau brûlante couler sur ta peau. Tu t’assois, sous cette cascade improvisée sentant ta tête prête à exploser. Tes yeux se ferment, s’ouvrent à nouveau. Tu sens cette pression sur tes épaules te quitter progressivement. L’eau chaude était une excellente idée. Tu te laisses glisser Ivy, cette enveloppe rassurante te berçant légèrement jusqu’à ce que tu abandonnes ta prise sur le moment présent, laissant ton esprit aux milles éclats offrir à ta conscience ce repos fictif. Non consenti.

Il fait chaud. Trop chaud ! Sa propension à ne jurer que par l’eau brulante ! Ta peau devient rougie, tu râles. Si elle prenait soin de son corps autant qu’elle prenait soin de son esprit… Heureusement que tu étais là ! Toi fervent gardien de sa psyché aux multiples reflets. Tu t’étires, appréhendant ce corps que tu connais. Tu te relèves. Tu ne sais combien de temps vous êtes restés ainsi. Il t’aura fallu un temps certain pour qu’elle lâche prise. Trop peureuse de ce que tu pourrais faire. Mais elle en avait besoin. Elle n’en soufflera pas un mot. Non. Ingrate. Elle te voit comme l’ennemi alors que tu ne fais qu’apporter ton aide. Humble serviteur de l’ombre. Tu relèves cette enveloppe charnelle, coupant l’eau. Ta main vint effacer la buée sur le miroir. Tu observes ton reflet, constatant les divers dégâts causés par l’alter ego de Gadrel. Oui tu sais qu’il porte un nom, tu te refuses juste à te le prononcer. Le spectacle t’avait amusé tu le reconnaissais. Avait-il souffert ? Vraiment ? Ressenti dans son âme cette sensation d’un tisonnier brulant enfoncé encore et encore ? Tu l’espérais. Tu en frissonnes de cette excitation morbide. Tu attrapes une serviette, l’enroulant autour de cette poitrine, ne prenant le temps d’essuyer ces cheveux blonds. La trace de l’eau suivra le chemin emprunté. Tu l’ouvres cette porte te séparant des autres. Pas un bruit ne filtre, une faible lumière. Tu t’approches doucement, t’appuyant délicatement sur la rambarde en verre. Seth est assis sur le canapé, pianotant sur son téléphone. Tu veux t’en approcher. Tu peux t’en approcher. Tu vas t’en approcher. Ton regard détaille le reste de l’appartement, n’y décelant aucune trace de l’autre âme torturée. Tant mieux ! Blessé il est, cela te réjouit. Qu’il reste éloigné ! Tu as à peine le temps d’atteindre le bas des escaliers que Seth s’est retourné, se relevant pour te faire face. « Ivy ? » Oh c’est mignon on dirait presque qu’il s’inquiète ! Adorable ! « Tout va bien ? » il s’approche de toi avec prudence, comme s’il cherchait à ne pas t’effrayer. Te prend-t-il pour une pauvre petite chose fragile ? Monsieur gros muscles protecteur à toujours te hurler dessus. A toujours vouloir que tu attendes son feu vert… Il se prenait pour qui ? Sous prétexte qu’il s’agissait d’un homme c’est ça ? Alors, avec un sourire tu t’approches de lui et avec habileté et vitesse tu te saisis de son arme. Tu enlèves le cran de sureté en connaissance avant de pointer l’arme sur lui. Ton doigt sur la gâchette. Il serait si facile d’appuyer sur la détente. Où devrais-tu viser ? Le cœur ? Non trop classique ! La tête ? Cela aurait au moins le mérite de faire une jolie décoration. Tu ressens de l’agitation, tu saupoudres un peu plus d’illusion unique à Ivy qu’elle cesse ses interrogations. « Je peux savoir ce que tu fous ? » Bah alors ? Où sont passées les bonnes manières ? Est-ce comme cela que l’on s’adresse à une femme ? Tiens tirer dans les couilles ! Il tend une main vers toi que tu observes intriguée. Il veut quoi ? Que tu lui embrasses les phalanges ? « Donne-moi ça… » Un ordre ? Il osait te donner un ordre ? À toi. Peut-être te pensait il incapable de savoir la manier ? Ton doigt se resserre sur la crosse. Bien sûr que tu vas tirer, la question est juste de savoir quand… Peu importe ce que cela atteindrait, tu te satisferais de n’importe quel geyser d’hémoglobine. « Putain Ivy ! » Il essaye d’attraper ta main de sa longue allonge, tu l’esquives de justesse, en t’attendant à sa rapidité. « POSE-ÇA ! » Un ordre, encore un ordre, toujours un ordre. Pas un pour rattraper l’autre, toujours à exiger des choses de toi. Toujours à vouloir sans prendre en compte ce que tu désirais. Toujours. Ton doigt appuie sur la gâchette, laissant partir le coup. Il l’esquive avec adresse, te fusillant du regard. Et toi, tu souris, parce que tu sais qu’il en reste d’autres des balles… De quoi jouer encore un peu.

C’est dommage tu l’aimes bien Seth… D’une certaine façon… Il est plutôt dans le genre discret, à ne communiquer que par nécessité et surtout savoir rester à sa putain de place. Il est rapide et efficace, un allié de taille. Peut-être trop perfectionniste il est vrai, ce qui agace prodigieusement l’impatience de Dame Ivy. Pour sûr. De toute façon, pouvais-tu nommer une chose qui ne finissait pas par l’agacer ? Tu en doutais. Éternelle insatisfaite ou alors prodigieuse faiseuse de chaos lorsque rien ne venait obscurcir son horizon. Et après elle n’avait nullement besoin de toi ? Connerie ! Pour preuve… Si elle t’avait laissé faire, jamais elle ne se serait adonnée à une quelconque activité sexuelle avec la moitié inflammable de son cher et tendre. Bien qu’elle y avait mis fin de la plus cruelle des façons, il avait réussi à la marquer de son empreinte de souffre qui emplissait tes poumons à chaque respiration. N’aurait-il pas pu continuer à rester dans l’ombre ? Non ! Il avait fallu qu’il se montre, qu’il se pavane et qu’en plus il vienne écorcher son amour propre. Tu ne serais en paix qu’une fois ses tripes à l’air, pouvant humer le doux fumé s’en dégageant. Tu en saliverais presque d’avance. Il était nocif, bien trop à côtoyer l’obscurité mise en cage depuis des années et qui devait rester où elle était. Tu gardais les Enfers et tu comptais t’appliquer à cette tâche. Tu as besoin d’assouvir cette soif de sang, de revanche sur sa propre incapacité à s’extirper de situations complexes. Ce soir avait encore été la démonstration qu’il lui avait fallu une aide extérieure. Tu juges que tu aurais pu y arriver toi. En toute objectivité bien évidement… Bien sûr ! Seth t’observes, tu le sens chercher une faille, une opportunité, que tu ne lui donneras pas. Il était dans ton viseur, et malheureusement ce soir c’était tombé sur lui. Tu le regretterais quelque part… Des garde-fous il était ton préféré. Ivy n’allait pas apprécier. Elle s’y ferait, tu le faisais pour le bien de tous, assouvissant ce besoin d’extérioriser d’une manière violente et sans réflexion, relâchant cette pression accumulée sur sa psyché depuis des heures. Il cherche une réponse dans tes yeux noirs à cette mascarade. Le néant, le vide, voilà les réponses qu’il trouverait. Mauvais endroit, mauvais moment. Tu la ressens cette résistance de ton doigt à appuyer de nouveau provoqué par une autre volonté que la tienne. Mais tu es plus fort, elle n’arrive à te contrer, du moins parfois tu lui en donnes la douce illusion, alors que tu te retires de ton plein gré. Dissimulant le véritable impact que tu peux avoir. Il ne servirait à rien de faire une démonstration de force, toi tu le sais. C’est suffisant.

Tu ne l’as pas entendu, oblitérant sa présence même de ton esprit. Ou presque. Tu aurais presque pu sentir son odeur, si elle n’emplissait pas déjà ton sens olfactif. Presque. Seth ne laissa rien paraître du soulagement qu’il avait du ressentir en observant la silhouette dans ton dos. Pas le moindre frémissement ou tressaillement. Un mur de marbre inaltéré. Foutu militaire ! Tu le ressens ce violent coup porté contre ton crâne, t’étourdissant, provoquant un long râle de douleur. Aïe bordel ! Le coup résonne dans ta boîte crânienne, palpitant contre tes veines avec un fracas assourdissant. Tu relâches l’arme entre tes doigts, vacillant quelque peu avant de retrouver un semblant d’équilibre. Seth s’est saisi de son arme qu’il pointe sur toi. « C’est quoi ce bordel ?! ». Pauvre biquet tout perdu ! Tu te frottes la tempe en souriant. Tu sais que la question ne t’es pas adressée, il ne te regarde pas bien que sa vision périphérique ne lâche son observation de tes mouvements. Non. Cela s’adresse à l’individu dans ton dos, ayant agi sans la moindre foutue douceur. Tu rages de ne pas l’avoir senti venir, de t’être laissé surprendre comme un foutu bleu. Tu secoues la tête l’intensité de la douleur se dissipant à mesure que tu ressens ta douce alliée fidèle, la colère, venir emplir toute la place. Tu te retournes alors, faisant face au troisième membre du trio. Bienvenue à la réunion des âmes torturées ! Ton regard se plonge dans le sien, qu’il y lise à présent ce qu’il t’inspire, il avait deviné ta présence, qu’il vienne prendre possession de tous les contours de ton aura. Ton sourire continue d’étirer tes lèvres et tu te rapproches. Tu te rapproches jusqu’à venir poser ton front contre le canon, lui adressant presque un regard de défi. Oserait-il tirer ? Tu en aurais des frissons d’excitation. Elle lui avait demandé, à lui, de protéger ce cher Gadrel de toi… Le ferait-il si le cas se présentait ? Surtout après avoir gouté à sa chair ? Tu voulais assister à ce spectacle !

Tu laisses quelques secondes avant de te redresser, tu relèves ta main droite, abaissant tes doigts sauf ton index qui vint habillement appuyer contre le métal froid du flingue pour le faire descendre jusqu’au niveau de ton palpitant. Tirer dans la tête est si impersonnel, mais dans le cœur… Vas-y ! Après tout il te tenait en joug non ? La meilleure solution pour tout le monde, ainsi plus de souci ni avec Ivy ni avec toi. Tu finirais par le blesser, lui ou son cher alter qu’il protégeait contre tout. Autant arriver à la case finale plus vite. Tes bras se soulèvent de chaque côté de ton corps, t’offrant tout à lui. Il suffisait simplement d’appuyer sur cette gâchette. Tu n’es pas suicidaire, tu ne crains simplement nullement la mort. Elle est le point final, le moment de délivrance de tout être. Si cela devait être ce soir, ainsi soit-il. Tu la sens qui s’agite au loin, le coup porté ayant fracassé les murs de cette illusion si douce que tu peines à maintenir, alors que tu es au front toi-même. La fatigue physique mais surtout psychique de la russe allait jouer en ta faveur. Il te reste encore du temps, assez pour assister à la prochaine scène.  Assez pour continuer d’observer ton adversaire du soir. Celui qui avait su t’apercevoir derrière la silhouette de la blonde, te privant de ton arrivée fracassante et inattendue. Il te privait ainsi de ton sens si théâtrale, toi qui aimait soigner tes entrées. Foutu alter !  

Que tu ne regrettais nullement ta présence. Tu t’amusais, beaucoup ! Tu ne saurais miser sur la suite, sur la fin, mais quelle qu’elle soit cela promettait un feu ardent, intense. Votre première rencontre. Votre première confrontation. Était-il ravi de te voir ? Allait-il aussi te proposer à toi une trêve pour cette sacrosainte relation nocive ? Il était faible ! Jamais tu n’aurais accepté toi. Tu tolérais fugacement leurs échanges corporels, avec un léger penchant sadique parce que viendrait le temps où tu y mettrais un terme. Tu sous-estimes la force de ce qu’elle ressent tu le conçois. Tu n’as pas saisi tous les contours du lien qui peut les unir. Tout d’abord parce que tu n’en as cure, et ensuite parce que tu ne pourrais le comprendre. Que tu ne veux le comprendre. Ils étaient voués à périr sous le joug d’une arme l’un comme l’autre, provoquant alors souffrances et tourments. Autant s’éviter une perte supplémentaire. Tu étais simplement pragmatique ! L’attachement conduit irrémédiablement à la douleur. Ivy avait déjà sa famille, et tu avais pu constater à quel point elle avait géré le deuil de ses parents… Se vautrant dans cet appel de substances psychotropes anesthésiant son corps. Il t’en avait fallu des jours acharnés à la faire revenir à la conscience, projetant ces images de la seule personne qui lui restait : sa petite sœur. Mais après elle te combattait encore. Elle ferait bien mieux de t’écouter. Ton regard jauge ton adversaire nocturne, restant imperméable à ta défiance. Il avait pris un peu de Gadrel finalement. Aucun tressaillement, aucun frémissement. Il pourrait tirer, tu le ressens jusqu’au tréfonds de ton esprit malade. « Gadrel ? » Non ne gâche pas ce rendez-vous ! Tu aurais dû lui tirer dessus... Blessure mortelle. Ou lui avoir simplement arraché la langue ? Ivy serait plus encline à te pardonner, enfin à se le pardonner. Car là était bien toute la beauté de votre être, tu faisais et elle culpabilisait. Grand seigneur tu la laissais s’acquitter de ses tourments émotionnels, tu n’en avais que faire toi. Elle et seulement elle t’importait. Certes, cela l’impactait et donc par extension toi aussi… Un peu. Tu n’avais pas de regret, pas de remord. Tu penches la tête sur le côté, sentant ce conflit interne qui n’était pas le tien. Non, il lui appartenait. Il voulait tirer, il le ferait si son cher et tendre alter ne manifestait pas un intérêt pour ta protégée inconsciente. Tu le savais qu’il n’éprouvait pas le moindre intérêt pour cet être bercé d’illusion. Il vient, se pavane, répandant chaos et blessures et puis délaisse ce monde sans la moindre attache autre que pour son alter. Si elle pouvait l’intégrer ! Si elle pouvait s’en éloigner… Avec dextérité et rapidité il se saisit à nouveau de son arme et t’assène un nouveau coup. Violent, percutant, te faisant grogner. Tu vas lui arracher sa foutue gorge avec tes dents ! Tu la ressens la douleur, signe qu’elle commence à reprendre conscience, elle se débat ayant enfin trouvé la faille de ton illusion parfaite. « Gadrel ! » Pas content le militaire. Tu te masses la joue, sentant ta prise se défaire peu à peu. Tu voudrais tant rester, tu t’accroches fermement. Encore un peu pour le spectacle. Seheiah tire alors, mais nullement sur toi, sur Seth. Tu te tournes avec joie afin de voir la blessure, le sang. Tu applaudis, ravi de ce retournement inattendu. Pauvre Seth…

Seth… Seth… « SETH ! » Hurles-tu. Les contours de ton salon t’apparaissent, tu constates avec effroi que tu n’es plus dans ta douche, une simple serviette te sert de vêtements et que Seth est à terre avec une balle dans la poitrine. Tu te tournes te heurtant au regard glacial de Seheiah, arme au poing. « Bordel mais qu’est-ce que tu as foutu ?! ». Tu t’agenouilles auprès de Seth, mettant tes mains sur la plaie pour faire un point de compression. Seth t’observe en proie à de l’incompréhension mais du soulagement ? Pourquoi du soulagement ? Plus tard. Tu sens qu’il ralenti le rythme de son palpitant, attrapant son téléphone dans sa poche pour te le donner. Une main reste sur sa plaie alors que de l’autre tu déverrouilles l’objet avant d’appeler le contact du « Doc ». Une, deux trois, quatre sonneries et enfin une réponse. « Ouais… » Sa voix est endormie, tant pis. « Blessure par balle dans la poitrine. » Tu bouges légèrement Seth afin de voir l’arrière de son corps « La balle est ressortie. » « Où ? »  « Chez moi. » « Cinq minutes. Tu maintiens une pression sur les deux côtés de la plaie. Et qu'il ne perde pas conscience ! Quitte à ce que tu lui en mettes une... Ou deux! » Le téléphone glisse de ton oreille, tu aides Seth à se relever, il ôte son tee-shirt et tu le roules afin de l’appuyer entre le mur et son dos. Il grimace, mais ne dit rien. Tu souffles Ivy. Cinq minutes, juste attendre cinq minutes… Ton regard se porte sur tes mains empreintes du liquide rouge coulant de cette plaie. Tu relèves ton regard, tombant dans celui de Seth qui te détaille, il t’adresse même un léger sourire que tu lui rends. Il pose sa main sur la tienne, tu ne sais comment interpréter ce geste, alors tu ne dis rien, tu ne fais rien, jusqu’à ce que tu entendes des coups frappés à ta porte. Il prend le relais pour la compression de sa plaie, tu te relèves, essuyant tes mains sur ta serviette.

« Doc », état civil : Addison Williams, médecin ayant fait ses armes dans ce que l’on appelle les territoires à risques. Grande adepte des poussées d’adrénaline et du travail dans l’urgence. Mariée à un membre de la Cosa Nostra, expliquant votre rencontre au détour de la demeure familiale. Elle était devenue la médecin référente du club lorsque tu avais ouvert, appréciant son tempérament, son professionnalisme et son sarcasme à toute épreuve. « Tu fais peur à voir ! » Te dit-elle alors que tu lui ouvres la porte. Elle dépose un baiser sur ta joue avant d’entrer, suivi de son acolyte que lui avait attribué son cher et tendre mari pour la « protéger » ou comme elle le disait pour surveiller ce qu’elle faisait de son cul ! « Tu es le rayon de soleil de ma vie ! » Elle émet un léger rire « Arrête tes flatteries tu sais bien que je fantasme déjà sur toi et surtout dans cette tenue ! » « Un jour peut-être… » Réponds-tu avec un léger amusement, non sans secouer la tête. Tu la précèdes au salon. « Seth… T’avais pas assez de cicatrices au compteur ? » « Va chier ! » Tu te mords la langue pour ne pas rire. Tu croises les bras sur ta poitrine observant Addison regarder la blessure. « Gadrel... » Lance-t-elle à la volée pour le saluer. Sans t’en rendre compte tu t’es approchée de Seheiah, sentant ton bras frôler le sien, légèrement. Ressentant la nécessité de ce contact. Tu inspires, tu expires, tu voudrais sentir la présence de Gadrel, te perdre dans son étreinte. « Ça va le faire ! Je m’installe où ? » « La chambre d’amis. » Tu la désignes d’un mouvement de tête. « Parfait. Malabar vient l’aider ! » Ah oui tu oubliais presque ce surnom si affectueux pour sa garde personnelle. Tu suis leurs déplacements jusqu’à la chambre d’amis, lorsque tu reportes ton attention sur Addisson elle est bien plus proche de toi que ce que tu t’étais attendue. Elle attrape ton visage entre ses doigts fronçant les sourcils. « Est-ce que je veux savoir ? » « Non ! » Réponds-tu instinctivement. Tu ne savais pas toi-même de quoi il en retournait. « Bien. » Elle se détourne de toi et s’engouffre dans la chambre, refermant la porte.

Ta tête te fait un mal de chien, tu te sens fatiguée mais surtout il te manque une partie du puzzle. Tu le sais que tu as été prompte au jugement, accusant dès ton réveil Seheiah. Peut-être que la faute t’en revenait ? Tu ne saurais dire, aucun souvenir ne revenait à ta mémoire, et tu avais beau essayer de les retrouver, tu avais un magnifique panneau stop t’interdisant l’accès. Tu soupires commençant par te diriger vers le frigo pour en sortir une cannette froide que tu vins apposer sur ta joue encore endolori. Tu te tournes alors vers ton comparse. « C’est de ma faute c’est ça ? » Tu sais qu’il ne te mentira pas, et même si tu allais détester l’entendre, tu apprécierais la brutalité de ses mots. Quelque part. Tu te rapproches de lui plantant ton regard interrogatif dans le sien. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? ».  

Tu veux savoir Ivy et en même temps pas du tout ! Tu te doutes de ce qu’il t’est arrivé, à toi. Mais le reste est un flou bien opaque. Tu le sens ton esprit qui lui est parfaitement réjoui de ce passé oublié. Tu le sens ce pavaner avec fierté et cela ne t’inspire rien qui vaille. « Tu as perdu le contrôle. » La réponse claque dans l’air dans un froid glaçant. Bien que tu t’en doutasses, tu arrivais à parier sur quelle tête de chien borné il était tombé. Oup’s ! Tu fermes les yeux quelques secondes, poussant un soupir, avant de les ouvrir à nouveau. Il prend une gorgée de la bière qu’il s’est octroyé, tu l’observes, attendant la suite. Car tu savais qu’il y aurait une suite. « Cerbère a tenté de buter Seth, après lui avoir chapardé son arme. » « Eh merde ! » Souffles-tu, collant un peu plus la cannette contre ta joue. Plus de place au doute quant à qui se trouvait en face. Tu avais espéré te tromper. Mais pourquoi vouloir tuer Seth ? Tu ne cherchais pas d’explication, enfin si tu essayais, mais tu n’arrivais jamais à trouver d’autres que : parce que ! Surtout Seth… Certes il pouvait t’agacer prodigieusement mais jamais au point de vouloir lui ôter la vie. S’il avait fallu se montrer sanguinaire envers quelqu’un tu aurais plutôt parié sur Seheiah. « Elle voulait que je te tire dessus. En plein cœur. » Et après « ça » devait te protéger ? En essayant de te faire tirer dessus ? Mais où était la logique ? Tu ne pouvais qu’apprécier le sens du drama de ton hôte indésirable cependant. En plein cœur… Rien que cela. « Ravie que tu t’en sois abstenue… » Murmures-tu encore un peu déboussolée. Tu ne comprenais pas le sens de tout cela et tu commençais à t’en agacer. Seheiah baisse les yeux, cherchait-il à dissimuler qu’il l’aurait fait ? Peut-être Gadrel était-il intervenu pour faire pencher la balance en ta faveur ? « Seth a commencé à paniquer et il m’a menacé. Il était à deux doigts de me flinguer, après que je t’ai frappée pour essayer de te faire revenir à la raison. Il n’a pas apprécié et il ne comprenait rien, forcément. Alors j’ai tiré le premier. » Tu grimaces, associant donc cette vive douleur, à sa personne. Certes il y avait un but précis à tout cela… Qui avait par ailleurs fonctionné. Il y avait eu le premier choc qui avait éveillé ta conscience, l’alertant, tu avais gratté, tentant d’effacer cette illusion, mais tu avais eu droit à une dose supplémentaire. Fragile, mais qui avait fait gagner du temps. Le deuxième coup avait fait voler en éclat les murs de cette prison de verre, reprenant le contrôle sur ton être et te retrouvant dans cette réalité étrange. Son regard remonte vers toi alors que le tien n’a absolument pas bougé de l’observation de son être. « Je ne sais pas ce qui t’a fait revenir, Ivy : la blessure de Seth ou le coup porté à ton visage. Mais ce dont je suis certain, c’est qu’il est amoureux de toi. » Tu mets quelques secondes à réagir. Tu finis par rire Ivy, peut-être était-ce plus nerveux qu’autre chose, mais tu ne peux le réprimer. Tu finis par réussir à le contenir, tu poses alors la canette sur le rebord de l’îlot. « Déjà c’est extrêmement douloureux ! » Dis-tu en présentant ton  profil écorché. Tu reportes ton regard sur lui, n’hésitant pas à hameçonner le sien. « Mais c’est ce qui m’a ramené. » Tu n’as aucune envie de lui mentir ou prétendre que c’est Seth. Certes cela a aidé à t’accrocher à cette réalité, mais il n’était nullement l’élément déclencheur. « Et je suis certaine que tu te plantes ! Qu’il m’affectionne beaucoup j’en conviens, mais amoureux ? Faudrait être totalement fêlé! » Tu ne peux réprimer un léger sourire amusé de cette phrase et ses sens cachés.

Tu n’oserais certainement pas prétendre de connaitre la profondeur des sentiments de Gadrel à ton égard, tu n’étais même pas sûre de connaitre la portée des tiens. Tu t’approches venant déposer tes lèvres sur sa joue. Tu aurais voulu arriver que cela ne soit qu’aérien et léger, pourtant tu les sens tes lèvres s’appuyer. Puis glisser jusqu’aux siennes sans les toucher. Tu restes un instant ainsi, ton souffle se perdant sur son visage. Tes yeux remontent jusqu’aux siens ne sachant ce que tu veux y trouver véritablement. Tu t’arraches de ta contemplation pour finalement venir simplement te blottir contre lui, ton oreille se positionnant au niveau de sa cage thoracique, voulant entendre ce rythme régulier et profond. Tu le sais que ce n’est pas Gadrel et pourtant tu tentes de faire ce que tu voudrais lui faire. Car tu peux te cacher derrière bien des choses Ivy, mais tu sais les différencier, et surtout tu sais qu’ils ne parlent pas aux mêmes parties de ta conscience. Tu te retiens de ne pas vouloir céder à l’appel de son être qui t’attire. Il t’a frappé ! Une marque de plus ou de moins quelle différence ? « Merci de m’avoir ramené. » Finis-tu par dire alors que tes mains passent dans son dos. Chastement, prenant place sur le tissu de son habit. Elles finirent par descendre, se glissant en dessous dudit tee-shirt pour venir à la rencontre de la chaleur de sa peau que tu apprécies sous la pulpe de tes doigts.