Du sang. Encore et toujours. Il s’encrasse sur ta peau, s’y accroche dans une démesure inégalée et te parvient jusqu’aux narines grâce à son odeur particulière. Combien de litres avais-tu déjà nettoyés, depuis que tu avais intégré les rangs de l’organisation illégale ? Tu n’en as strictement aucune idée, mais tu es persuadé que ce serait largement suffisant pour en remplir une piscine. Tes yeux observent les traces, sur ton visage, et tu remarques une lueur éteinte, tout au fond. Seheiah est là, à tes côtés, et elle se délecte des péchés commis comme nulle autre compagne ne saurait s’y adonner. Parfois, dans tes instants de folie, tu constates sa présence, telle une ombre mal dessinée, qui se positionne juste à tes côtés. Elle fait partie de ton âme. Elle est un morceau de toi-même et son silence te serait pesant, désormais. Les années firent d’elle ta meilleure amie, même si elle avait une fâcheuse tendance à amplifier les problèmes et à ne trouver de solution que dans la perversion et la violence pure. De temps en temps, même, elle prenait le contrôle sur ton corps et tu devenais le spectateur de tes propres gestes, comme si tu visionnais un film dans une salle de cinéma. C’était assez étrange et plutôt rare, ceci dit, fort heureusement. Tu n’apprécierais pas de partager ton enveloppe charnelle de manière régulière avec une entité aux sombres reflets. Ce serait dérangeant, n’est-ce pas ? Bien sûr, tu avais tenté des psychothérapies et la médication pour ôter Seheiah de tes songes, en vain. Au contraire : plus tu luttais et plus elle se débattait, comme si elle étouffait au fond d’un lac et qu’elle désirait remonter à la surface pour remplir ses poumons d’oxygène. En acceptant qui elle était et ce qu’elle était pour toi, vous parveniez à une symbiose cordiale. Bien qu’elle ne se gênât pas de balancer de nombreuses remarques indécentes, lorsqu’elle était de mauvaise humeur, et que cela pouvait altérer ta concentration.

La nuit est tombée, désormais. Afin d’ôter les derniers stigmates de ton précédent « interrogatoire », tu te hisses dans la douche qui embrumera tes pensées néfastes par sa chaleur et son eau purgatrice. L’espace d’un instant, la voix au fond de ton âme cesse de te harceler et elle finit même par s’endormir, bercée calmement par cet instant d’accalmie retrouvé. Tu savoures, durant de longues minutes. Tu frottes, te défaisant du sang séché, jusqu’à ce que tu aies l’impression que le Tout-Puissant t’ait accordé le Pardon et que tu aies expié tes péchés de la journée. Il n’en est rien, évidemment, et tu te sais condamner à l’Enfer éternel depuis ta sordide naissance. Pourtant, il faut bien donner le change. Trouver un peu de lumière dans la noirceur de ton existence. Alors, une fois lavé, tu te diriges vers ta penderie où trônent tes vêtements. Tu en saisis un pantalon noir, que tu agrémentes d’une chemise de la même couleur, ainsi que de la veste assortie. En ressortant, on pourrait clairement penser que tu te rends à un enterrement. C’est peut-être le cas, même si tu n’accompagnes aucune victime dans son trépas ni à aucune cérémonie religieuse. Quoiqu’il en soit, tu t’habilles presque exclusivement avec des tons foncés. De temps en temps, tu t’octroies du blanc. Les couleurs vives n’ont jamais été dans tes préférences, bien que tu les trouves sublimes sur le corps des femmes que tu enlaces parfois dans tes draps. Même si, admettons-le, elles sont plutôt rares en ce moment. La solitude pourrait être ta meilleure amie, si la voix de Seheiah ne venait pas te rappeler que tu n’es jamais seul.

C’est ainsi, sobrement vêtu, que tu te rends jusqu’au lieu de ta prochaine mission de routine : le Venezia. Un club de Striptease qui appartient à la sœur de Mikkel, Ivy Campbell. Une magnifique créature tentatrice qui a un caractère affirmé tout autant qu’une poigne de fer. Elle ne laisse absolument rien au hasard et dirige son établissement mieux que quiconque. Gare à celui qui tenterait de s’attirer les foudres de la lady : il pourrait succomber sur place rien qu’en croisant son regard fougueux. Tu vas reçu l’ordre de venir vérifier que personne ne jouait les trouble-fêtes et que tout se passait bien, autant pour les clients que pour les employés. Cela dit, dès lors que tu fis ton apparition, tu ne pus t’empêcher de constater que plusieurs individus t’observaient. Te jugeaient-ils ou t’admiraient-ils ? Le visage fermé, tu ne fis aucun sourire. Rien ne trahissait ton impassibilité. Pas même la délicieuse Ivy, que tu aperçus presque immédiatement. Tes yeux bifurquèrent rapidement en direction du bar où se tenait un des acolytes de la Reine des abeilles. Visiblement, il t’avait repéré depuis le début. Rien d’étonnant là-dedans : il savait parfaitement qui tu étais. Tu t’approchas alors de la petite sœur de Mikkel, véritable divinité au milieu des humbles mortels. « Rien à signaler? » demandas-tu aussi directement que possible, sans même donner le lieu à la politesse envers elle ou ceux qui l’entouraient. Tu n’étais pas là pour t’amuser. Et, depuis que vous aviez partagé le même lit le temps d’une nuit, tu te montrais le plus distant possible afin que cela ne se reproduise plus jamais. Par respect pour Mikkel. A cette époque, il était porté disparu et vous étiez dans un état lamentable, tous les deux. C’est votre amour pour lui et votre souffrance commune, à la simple idée de le perdre définitivement, que vous avaient rapprochés. Désormais, les barrières étaient replacées et il serait totalement inconvenant d’entretenir ce genre de relations. Pourtant… combien de fois avais-tu fermé les yeux, te remémorant les courbes de la malicieuse créature, espérant presque pouvoir remonter le temps et recommencer ? Bien trop souvent. Mais cela, c’était ton petit secret. Et celui de Seheiah, évidemment, qui partageait tes songes torturés. * Abruti. * pestiféra-t-elle alors aussitôt, encore à moitié endormie. Ivy était, vraisemblablement, un sujet de disputes entre vous deux.

Don’t get too close, it’s dark inside;

Pando

« Bonsoir à toi aussi Gadrel... » lance-t-elle avec une once de provocation, tout en demeurant d’une politesse affligeante. Tes yeux clairs se posent sur elle et ton visage demeure inexpressif. Il en a toujours été ainsi : tu es un soldat de plomb que rien n’érode, pas même la pire des tempêtes. Ce n’est donc point ce petit ton mielleux qui parviendra à t’agacer. Tu sais pertinemment qu’Ivy aime user de cette stratégie pour se défendre. Sans doute que ta fausse indifférence s’avère blessante. Tu aimerais lui avouer que tu ne cherches pas à égratigner son amour-propre. Cependant, aucun remord ne franchira la barrière de tes lèvres. Si elle te méprise, à la longue, elle se lassera sans doute de ce jeu qu’elle initie depuis des mois entre vous, sous le regard amusé de ses deux comparses. Tu n’es pas dupe : ils savent sûrement que leur patronne s’essaye à la séduction avec toi. Peut-être que ça électrise légèrement son morose quotidien, tu ne saurais le dire. Cela dit, tu es intimement persuadé que si elle parvenait à ses fins, elle se lasserait indubitablement de toi aussitôt. Ivy n’avait qu’à claquer des doigts pour obtenir ce qu’elle veut et qui elle veut. Enfin… presque. « C’est un réel plaisir de te voir, ta compagnie est toujours si plaisante... » renchérit-elle, à la recherche sans doute d’une réaction quelconque. Mais rien. Une fois encore, tu ne laisses pas les émotions te trahir. Surtout pas l’agacement. Pourtant, à l’intérieur de ton âme, c’est un tout autre combat qui se joue, loin des oreilles indiscrètes et des tours de verre. Seheiah a décidé de te secouer les puces, avec un regard boudeur. * Tu sais que tu te mens à toi-même, n’est-ce pas ? * te questionne-t-elle, bien que la réponse lui importât peu. Un soupire, presque imperceptible, franchit la barrière de tes lèvres closes. * Tssss. * fut tout ce que tu lui murmuras, sans parler évidemment. Cette conversation intime n’était que le fruit de ton imagination, issue de ton esprit tordu. Cette fois-ci, Seheiah se frotte nerveusement les tempes, agacée. * Oh, allez… avoue que tu rêves de la posséder… * persiffla-t-elle entre ses dents, tel le vil serpent de la Tentation. Tu bous, littéralement, suite à cet affront. Tu sais très bien que Seheiah adore lorsque tu perds le contrôle et que c’est dans cet unique but qu’elle tente de te laisser glisser cette pente dangereuse. * Ferme-la. * lui intimes-tu immédiatement, peu enclin à écouter ses sarcasmes. Surtout devant trois personnes – dont une qui s’éclipse gentiment à ta seule vue. Visiblement, Jazz n’apprécie pas tellement ta présence. * Tu peux duper qui tu veux, mais pas moi, Gadrel. N’oublie pas qui je suis. * annonce-t-elle, sanglante, avant de retourner à son repos silencieux. Le retour à la réalité est soudain, même si ton corps n’a pas bougé d’un millimètre. Sven, le barman et comparse d’Ivy, s’approche de derrière elle et t’observe avec pudeur. « Tout roule ! » tu hoches doucement la tête, prêt à répondre, mais l’homme poursuit sa tirade. « Sois une gentille hôte et fais ton boulot Campbell ! » dit-il à l’intention de la désirable trentenaire. Bien décidé à esquiver cette invitation, tu préfères te concentrer sur la première réponse de Sven. « Parfait. » rétorques-tu simplement, désireux de t’en aller le plus vite possible. Hélas, le traquenard est lancé et tu remarques le sourire amusé poindre sur son minois de sirène. « Tu boiras bien quelque chose ? » tes sourcils se froncent doucement tandis que tes yeux essaient de percevoir ce qu’Ivy a derrière la tête. « Juste un verre, et je fais même le service à table en guise de… » ta respiration se coupe automatiquement. Elle ne va tout-de-même pas parler de votre « erreur », n’est-ce pas ? Tu espères bien que non. Pour toi, il y a longtemps qu’elle aurait dû passer à une autre étape de son existence, en se perdant dans les draps d’autres corps. « En guise de remerciement pour l’ordre au Venezia... » tu reprends ta respiration, ton regard la jaugeant. Est-ce là le seul intérêt de la jeune femme : te récompenser pour ta contribution ? Tu en doutes fortement. Toutefois, ta mission est accomplie et tu entends déjà les murmures de Seheiah venir chatouiller ton oreille interne. « Accepte s’il te plaît... » minaude-t-elle, jouant et usant de ses charmes habituels. Tu soupires, excédé. Tu vas céder, Gadrel. Tu le sens. « Un verre. » lances-tu froidement, bien que tu sais déjà qu’Ivy va tantôt jubiler d’être parvenue à ses fins. Ton regard se porte sur le barman. « Comme d’habitude, Sven. » affirmes-tu poliment. Il sait exactement ce que tu aimes : un whisky avec deux glaçons. Aussitôt ta commande passée, tu vas à la recherche d’une table libre, si possible avec une vue imprenable sur la scène où se déroulent les danses. Après tout, du moment où tu es ici, autant te rincer l’œil en plus du gosier, n’est-ce pas ? D’autant que tu sais que ce spectacle ravira Seheiah, qui se délecte déjà fortement du fait que tu aies cédé au caprice de la Campbell.

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Pando

Un léger soupire s’échappe de tes lippes closes, Gadrel, tandis que tu prends place à une chaise non-loin de la scène où les danseuses viendront se dévêtir sous le regard lubrique des convives. Tu sais déjà pertinemment que tu vas amèrement regretter d’avoir accepté la proposition de la vile Succube. Ce verre n’est qu’une excuse pour essayer de tisser sa toile autour de ton âme. Ivy ne saisit nullement que si tu restes aussi éloigné d’elle, c’est uniquement dans le but de la protéger de ta folie. Elle ne devrait pas poursuivre ses sombres desseins à ton égard. Elle se lassera, espères-tu distraitement, tandis que ta commande se prépare. Bien sûr, elle a toujours baigné dans le monde de l’illégalité, aux côtés de ses parents ou de son frère, Mikkel. Elle n’est pas une Sainte, c’est indéniable. Pourtant, elle ne mérite pas de s’infliger une pareille souffrance. Lorsqu’elle revient, ton whisky entre ses doigts, vos regards se croisent. Indéniablement, Ivy Campbell est une beauté dangereuse. Tu serais idiot de ne pas l’admettre. Hélas, tu n’as pas le droit de succomber à ses charmes. C’est inconvenant. C’est arrivé une seule fois. Ca ne doit plus se reproduire. Cela dit, la blonde ne paraît pas l’entendre de cette oreille. Debout, devant toi, elle lampe une gorgée de ta boisson ambrée et dépose le verre, encore bien plein, sur la table basse située à tes côtés. A peine eusses-tu le temps de réagir qu’elle se retrouve à califourchon sur toi, le liquide dans sa bouche humide. Tes lèvres s’entrouvrent malgré toute ta résistance, tandis que ton anatomie réagit presque immédiatement dans ton pantalon, titillé par ce contact intime. * Oh bordel… Mais baise-la ! * gémit Seheiah, qui observe la scène avec une avidité monstrueuse. Si cela ne tenait qu’à elle, il n’y a aucun doute quant à l’issue de cette rencontre : elle prendrait Ivy de toutes les façons inimaginables pour se satisfaire de l’avoir possédée. Toi, tu préfères enfoncer tes doigts dans les appuis de la confortable chaise, dans le but sans doute de maîtriser tes pulsions. La blonde s’approche de ton visage et laisse le whisky trouver un chemin jusqu’à ta gorge. Tu avales, les paupières légèrement closes, en savourant l’alcool qui vient brûler tes entrailles. Lorsque tu réouvres tes yeux, tu constates que le visage de la Succube est proche du tien. Trop proche. Tu sens son odeur délicieuse et tu sais que ton corps y réagit avec un manque de retenue évident. * Fais chier. * pestifères-tu intérieurement, tandis que son souffle descend le long de ta nuque et se fraie un chemin jusqu’à ton oreille. Les battements de ton cœur s’accélèrent. Evidemment, ton visage n’exprime rien. Tu te retiens, de toutes tes forces. De toute ta volonté. Tu ne dois pas céder. « Une autre gorgée ? » te propose-t-elle, aguicheuse. Détestable. Des images te viennent à l’esprit, sans doute projetées par les envies de Seheiah tout autant que les tiennes. Et Ivy n’est habillée dans aucune d’entre elles, évidemment. Un combat contre toi-même s’amorce alors. * Regarde-moi cette bombe et ose prétendre qu’elle ne te fait pas bander et que tu ne rêves pas de la baiser, de lui faire mal, de lui faire du bien... * les mots de Seheiah se perdent dans une tirade malsaine et tu resserres davantage ta prise, sur les appuis de la chaise, si tant est que ce soit humainement possible. Tu sens ta salive te manque et ton phallus se tendre sous les appels à la pulsion divine. Tes yeux clairs, perçants, se perdent dans ceux de la trentenaire qui est vraisemblablement ravie de l’effet qu’elle te provoque. « Hum... » laisses-tu s’échapper, en te râclant la gorge. La Tentatrice est certainement suspendue à tes lèvres. Et seul le Diable sait à quel point tu aurais envie de la prendre et de déchaîner les passions de l’Enfer sur son corps. Là. Tout de suite. Maintenant. Tu inspires. « Ca ira. » rétorques-tu sans détour, coupant net toutes les images salaces de Seheiah. Frustrée au jamais, la Dame de ton esprit s’exaspère comme une enfant privée de dessert. * Putain, mais quel abruti ! * s’indigne-t-elle en rageant, obscurcissant ta capacité auditive le temps de quelques secondes. Tu te saisis de ton verre de whisky, que tu portes à tes lèvres, et dont tu prends une gorgée, fixant toujours le visage de la magnifique blonde, encore sur toi. « Comme tu peux le constater, je peux boire sans ton aide, Ivy. » souffles-tu, en tentant, par ta froideur légendaire, de reprendre le contrôle sur ton corps et tes pensées. C’est tout ce que tu peux faire pour la protéger de ta folie, Gadrel. Ca vaut mieux ainsi. Tu préfères qu’elle te maudisse plutôt que… que quoi, exactement ? Tu te mens à toi-même, peut-être bien. Mais tu refuses de prendre le risque que l’un ou l’autre finisse par s’attacher et en crever. Tu ne le supporterais pas. Et tu as toujours refusé les relations amoureuses, de ce fait. * Je te déteste, Gadrel. Tu viens encore une fois de nous auto-frustrer alors qu’il suffirait de… * recommence-t-elle alors. Cette fois-ci, tu l’interromps immédiatement, peu enclin à écouter ses supplications. * Ca suffit ! * la sommes-tu, coupant Seheiah dans son élan de tragédies. Elle se tait. Elle ne bouge plus. Elle sait que tu ne céderas pas. Pas maintenant, en tous cas. Alors elle s’assied, sagement, silencieuse. Comme une môme venant d’être mise au coin pour avoir péché. Tu déposes à nouveau ton verre de liquide ambré sur le rebord de la table basse. Délicatement, ta main droite vient replacer une mèche de cheveux derrière l’oreille d’Ivy. « Tu m’empêches d’admirer le spectacle. » lances-tu, sans gant ni pincette. Evidemment, c’est un mensonge : tu n’as d’yeux que pour elle, à cet instant. Mais tu la pousses à te haïr. A te mépriser. A se détourner de toi. Ainsi, elle cessera sans doute de te tourner autour et elle trouvera le bonheur ailleurs.

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Pando

« Je constate... mais c’est nettement moins amusant… » siffle-t-elle, tel le serpent à sonnette qui lui sert sans doute de démon intérieur. Cela dit, tu ne peux contester cette remarque. Il est clair que tu n’es pas en position de la contredire, surtout avec ton érection perceptible si aisément, formant une bosse contre l’intimité de la trentenaire à la chevelure de miel. Toutefois, tu tentes de l’éloigner de ton corps, sur lequel elle se situe, en prétextant qu’elle te gâche la vue. Vaine tentative, puisque Ivy n’est pas décidée à descendre de son piédestal. « J’en suis profondément navrée. En plus la prochaine c’est Ruby. Sublime créature avec un déhanché à rendre athée un croyant… » tu hauses les sourcils, très légèrement. * Miam miam ! * Seheiah, elle, a très clairement envie de se rincer l’œil avec cette délicieuse apparition. Lorsque les lumières se tamisent enfin, tu t’attendais à ce que la Reine des abeilles s’extirpe. Il n’en est rien. A la place, elle danse sur ton membre, recouvert de tissus, au rythme lascif de la musique. Ses doigts viennent rencontrer tes mains, qu’elle glisse le long de ses formes, jusqu’à ses reins. Tu les laisses en place tandis qu’elle vient glisser ses délicates mains dans ta chevelure noire, sur laquelle elle tire doucement. Ses lèvres s’approchent de ton oreille, t’arrachant un frémissement. « Dis-moi que tu n’apprécies pas. » souffle-t-elle, la diablesse. Tu déglutis difficilement, peinant à contenir ton excitation. * Vas-y, mec. Mens-lui en la regardant droit dans les yeux, tiens. Essaie. * s’exaspère Seheiah, visiblement prête à s’autosatisfaire si tant est que tu daignes lui accorder ce plaisir. Mais la blonde ne te laisse aucun répit. Elle recommence son assaut sensuel, t’emprisonnant dans tes désirs inassouvis. « Sois convaincant ! » elle descend alors plus bas, au niveau de ta nuque, et mordille ta peau. Tu tentes de te contenir, tes doigts s’enfonçant dans les accoudoirs de la chaise. Tu résistes, de tout ton être. Enfin… presque. * Essaie déjà d’arrêter de bander : ce serait un début… * se moque Seheiah, en éclatant de rire. C’en est trop. Tu ne parviens pas à garder le contrôle. Tu n’as qu’une envie et plus qu’une obsession : prendre Ivy. Tout de suite. « Je... » souffles-tu, avant d’être coupé aussi directement que possible par la vision d’un homme, juste face à toi, que la blonde ne peut remarquer. Sven. « Ivy ! » dit-il plus fortement, manquant de lui provoquer un sursaut de surprise. Elle tourne son visage dans la direction de la voix, relâchant son étreinte sur ton enveloppe charnelle. * Sauvé par une intervention divine. A croire que Dieu existe ! * pestifère Seheiah, qui aurait souhaité que tu cèdes à tes pulsions. Cela dit, ce petit côté cynique t’amuse et te permet de redescendre doucement la pression exercée sur ton membre inférieur. Si Sven se permet d’intervenir, c’est qu’il est motivé par une raison importante, à n’en pas douté. « On a un problème… du genre loup hurlant sous la lune. » annonce-t-il. Ivy cesse de bouger presque instantanément, ce qui signifie qu’elle a compris le message subliminal et que ce n’est pas anodin. Tu essaies de déchiffrer ce qui se trame, mais tu es coupé dans ton élan par la voix incongrue de Seheiah. * Mmmh… Aoooouh ! * tu ne saisis pas le moins du monde pourquoi elle s’est mise à réagir de la sorte. Elle saisit ton étonnement et en rit, follement amusée de ton incompréhension. * Bah quoi ? Si son kiffe c’est de se faire prendre par un loup-garou un soir de pleine lune au beau milieu d’une forêt, j’me transforme quand elle veut ! * un léger soupire s’échappe de ta gorge, qu’on pourrait penser être du soulagement. En réalité, tu es largement excédé par le comportement immature de ta compagne invisible. « J’arrive. » dit-elle alors avant de te regarder avec un sourire. « Eh bien je te souhaite une bonne soirée, profite du spectacle. » tes sourcils se froncent tandis qu’elle se relève, non sans se mouvoir de façon à ce que tes yeux se perdent sur son magnifique décolleté. * Oh noooon… elle s’en va déjà ! Sniff sniff. * gémit Seheiah, privée de sa distraction de la soirée. * Ca doit être très important pour qu’elle te laisse sur le carreau avec ton érection. Je me demande quels sont ses petits secrets… * siffle-t-elle, intriguée, en admirant – tout comme toi – le postérieur de la trentenaire qui s’éloigne. Sven lui glisse quelques mots à l’oreille, qui te sont imperceptibles compte tenu de la distance instaurée entre vous. Mais tu remarques qu’il ne reprend pas son poste habituel, contrairement à ce qui aurait été fait ordinairement. Il attend. Ce n’est qu’une fois Ivy suffisamment loin qu’il s’approche de toi. Tu sais donc que ce qui va suivre ne va pas te plaire le moins du monde. « Il faut que tu interviennes, Gadrel. » cette annonce cinglante est des plus démonstratives. Désormais, tu sais qu’une affaire préoccupante les tourmente. Suffisamment, d’ailleurs, pour qu’il s’empare de ta boisson et l’éloigne de toi. A croire qu’il va te falloir toutes tes capacités pour mener à bien sa requête. Tu ne dis rien. Tu écoutes, sondant son âme de tes yeux froids. « J’ai l’interdiction d’en parler à son frère (…) Elle a besoin d’un allié. Et d’une putain de protection… » Tandis qu’il t’explique, tu te saisis des divers documents. Entre-temps, tu t’es redressé sur tes deux jambes, visiblement contrarié et intrigué. Tout se chamboule dans ton esprit. * Enfin un peu d’action ! Je commençais à m’ennuyer terriblement, moi. * s’encanaille-t-elle en s’étirant de tout son long, prête à en découdre avec quiconque viendrait jouer les trouble-fêtes. Tu poses alors une main bienveillante sur l’épaule de Sven, l’acolyte d’Ivy. « Merci de me l’avoir dit, Sven. » tu tapotes deux fois, avant de le laisser retourner à ses besognes. Tu tentes de garder un minimum de self-control avant de gagner le bureau de la trentenaire, qui s’affaire à panser les plaies d’un de ses employés. Sans un mot, tu observes la scène – puisque la porte est restée ouverte – les bras croisés contre ton torse. D’habitude, tu ne te permettrais pas d’entrer sans frapper ni d’outrepasser certaines règles. Mais Ivy, elle, ne s’est pas gênée en gardant le silence. Ce n’est que lorsque l’employé remarque ta sombre présence qu’il sursaute. Tu lui fais signe de s’éclipser, du moment où il est remis sur pieds, et il s’enfuit presque aussitôt. Il serait fou de te tenir tête, même pour la blonde. Tu es furieux et ça se sent dans toute la pièce. « Tu comptais continuer à cacher ces attaques répétées encore longtemps, Ivy ? » grognes-tu, peu enclin à tourner autour du pot ou jouer à un jeu quelconque avec elle. Tu lèves la main pour interrompre toute possibilité de te couper la parole. « Avant que tu ne dises quoique ce soit : ouais, je sais, tu gères. Mais vraisemblablement, pas assez pour éviter que tes employés ne se retrouvent en danger. » t’exaspères-tu aussitôt. Tu ne mentionnes pas le moins du monde qu’elle est elle-même visée. Sven t’a confié ce secret et tu comptes bien le garder pour toi. Du moins, dans un premier temps. « Alors mets-toi à table, Campbell, et raconte-moi tout, depuis le début. Et je veux tous les détails. » ordonnes-tu sans ménagement, en entrant dans le bureau – que tu fermes derrière toi. A clefs. Personne ne pourra vous interrompre ni vous déranger, ainsi. Simple mesure de précaution. « N’essaie pas de protester ou de me dissimuler quoique ce soit. Sinon, crois-moi, je n’hésiterai pas à rameuter les fesses de ton frère illico-presto. Ce que nous aimerions, tous les deux, éviter, n’est-ce pas. » menaces-tu, cette fois-ci. Il est clair qu’elle ne tenait pas à ce que Mikkel vienne tremper son nez ici ou fouiner dans tous les recoins. Elle avait besoin d’aide, toutefois, et tu allais lui en fournir. De gré ou de force.

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Pando

Elle se lève de son assise, après de longues secondes silencieuses. La tempête gronde. Tu la ressens, jusqu’au plus profond de tes entrailles. Cela dit, tu ne frémis pas le moins du monde. Tu devrais ; il n’en est rien. Personne ne t’effraie. Pas même la Mort. « Tout d’abord va bien te faire foutre Gadrel ! Je ne te dois absolument rien c’est MON putain de club et j’en gère ses affaires comme je l’entends ! » gronde-t-elle, telle une chienne qui aboie beaucoup sans réussir à mordre quiconque. Tu remarques la fureur dans son regard. Le tien est redevenu aussi dur que de l’acier et ton corps ne trahit plus le moindre émoi. Tu t’es recroquevillé dans ton imprenable forteresse, hors d’atteinte de l’orage. * La Princesse Campbell fait son entrée. Déroulez le tapis rouge… * s’exaspère subitement Seheiah. Ce n’est pas la première fois que la blonde monte sur ses grands chevaux. Ca ne l’amuse guère d’observer ce triste spectacle. « Arrête de faire comme si c’était nécessaire que je t’en parle tout le monde sait que ça te fait chier au possible de passer par ici pour t’assurer que tout va bien. Alors je suis persuadée que ça t’empêchera pas de dormir si mes employés « se retrouvent en danger ». » Qu’en sait-elle ? Elle ignore tellement d’éléments, Ivy, perchée dans sa cage dorée construire par Mikkel. Elle aime se prétendre indépendante et forte, elle n’en est pas moins protégée par son aîné. Et par toi. Constamment. Tu t’inquiètes de son sort. Tu la connais depuis tant d’années, maintenant. Tu l’as toujours observée, analysée. Tu fus un rempart invisible dans son existence, tout le long de son chemin. Elle ne le sait pas. * Mais c’est qu’elle mordrait, cette petite idiote. * pestifère Seheiah, visiblement maussade. Tu sens que la trentenaire n’est plus dans les bonnes grâces de ta folle alliée. Elle croise les bras, dans ton esprit, et la fusille des yeux. « Tu veux mêler Mikkel à tout ça… Vas y… par contre tu lui expliqueras comment ce fait-il que tu n’aies rien vu hein ? » souffle-t-elle, en rapprochant son corps du tien, venant flirter avec les limites de ton épiderme à vif. Une proximité étouffante. Tu rêverais de la faire reculer. Cela dit, rien ne se passe. Tu la laisses exprimer sa rage. « Comment expliquer que toi le grand Savastano ça t’as échappé… Peut être n’es-tu plus aussi… Bon qu’avant ? Peut être es-tu dépassé ? Après tout… Ça ne serait pas la première fois que tu ne puisses empêcher un drame ! » ta mâchoire se crispe. Tu pourrais lui rétorquer que c’est TOI qui as retrouvé Mikkel, n’hésitant pas à mettre toute la ville à feu et à sang pour cela. C’est de nouveau TOI qui t’es sali les mains pour obtenir la moindre information, remuant Ciel et Terre pour le dénicher. Où était-elle, si ce n’est à pleurnicher comme une môme effrayée, pendant que TU menais les opérations ? Personne n’avait pu prédire l’attaque des Solano. Ni Mikkel. Ni toi. Ni elle. Ni leurs parents. Ce fut un désastre, très clairement. Cela dit, te tenir pour responsable était purement de la gaminerie mêlée à une envie de se venger. Tu n’y répondrais pas, même si tu rêvais de lui arracher la gorge avec tes dents. * Finalement, avant de la baiser, laisse-moi la buter. Je me satisferai pleinement de jouir sur son cadavre. Comme ça, au moins, elle fermera sa grande gueule. * gronda Seheiah. Cette fois-ci, ton âme réclamait sa propre vendetta. Des images de massacre te vinrent à l’esprit. Il n’y avait absolument aucune pitié lisible en toi, surtout lorsque Seheiah tentait de prendre le contrôle de la sorte. Pourtant, tu ne pouvais pas agir de la sorte, même pour donner satisfaction à ton démon intérieur. Ivy est la sœur de Mikkel. Elle est intouchable. Et cela de toutes les manières possibles. « Continue à jouer le chien bien dressé avec la queue qui frétille à chaque fois qu’il t’appelle et arrête de me faire chier ! » ordonna-t-elle presque, comme si elle avait le moindre pouvoir sur toi. Ton regard azur continuait de l’observer, tandis que les traits de ton visage restèrent de marbre. Tu es calme, en apparence. Inébranlable. C’est faux, bien sûr. Cependant, elle ne doit point s’apercevoir de ta rage, dissimulée derrière ta sérénité de façade. Ce serait lui donner un impacte sur ton être et tu ne pouvais te le permettre. Personne, en dehors de Mikkel, ne devait être capable de t’atteindre. « C’est bon, tu as terminé ? » soufflas-tu, sur un ton complètement lassé de cette sordide situation. Elle était bornée, égocentrique et colérique : des caractéristiques qui lui coûteraient sa peau plus vite que prévu, si elle poursuivait son caprice. « Donc, si je résume la situation, tu préfères laisser tes employés continuer à se faire taillader la cuisse parce que ton égo surdimensionné est incapable de demander de l’aide, allant jusqu’à dissimuler sciemment ce qui se trame sous prétexte que tu es une devenue une grande dame. Parfait. » dis-tu en haussant les épaules, vraisemblablement peu enclin à t’étaler davantage sur son comportement immature, bien loin d’être digne d’une véritable femme d’affaires. Elle avait encore un long chemin à parcourir si elle espérait parvenir au petit orteil de son frère, en matière de gestion. Tu croisas tes bras contre ton torse, ta tête se penchant légèrement sur le côté. « Ce loup est dangereux. Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’il ne s’en prenne à toi ou que son degré de violence augmente. Que feras-tu lorsque l’un d’entre vous se retrouvera avec la gorge tranchée et les boyaux à l’air ? » l’interrogeas-tu. Ses moyens étaient limités. Elle disposait d’informateurs, de personnes loyales dans son établissement… mais après ? Mikkel ne lui autoriserait pas à utiliser ses hommes de main sans disposer d’éléments solides. Elle serait obligée de s’expliquer avec lui et il ne serait guère satisfait. Cela dit, si elle s’obstinait à se taire, c’est toi qui dévoilerais tout à Mikkel. Qu’importe les conséquences : la vie d’Ivy valait bien toutes les remontrances de votre frère. « Tout ce que tu fais, Ivy, c’est perdre du temps. Un temps précieux qu’on pourrait mettre à profiter pour arrêter cette ordure et l’empêcher de continuer à balafrer tes employés. Parce que ouais, tôt ou tard, tu auras besoin de renforts pour régler ce problème, que ça te plaise ou non de l’admettre. Et tu le sais aussi bien que moi. Sinon, il y a bien longtemps que ce malade serait mort et enterré. » expliques-tu en replaçant ton visage le plus droit possible, tes yeux toujours dans les siens. Tu soupires alors, abattant une dernière carte pour tenter de la convaincre. « Je sais que tu t’en fiches, mais il ne va plus tarder à s’en prendre à toi. J’en ai les preuves, juste ici. Tiens. » dis-tu en lui tendant les fameux documents que Sven t’avait fournis quelques instants plus tôt. Elle méritait de comprendre l’étendu de la main mise sur son club par ce fameux loup-garou. Avec toutes les cartes en main, elle serait sans doute capable d’entrevoir davantage les intérêts de chacun. Les siens y compris. « A toi de décider ce qu’il y a de mieux pour tes protégés. » soupires-tu, espérant appuyer sur la corde sensible en évoquant Jazz et Sven, encore une fois. Peut-être que, de cette manière, elle se radoucirait. Qu’elle accepterait ton intervention. Ou celle de Mikkel. Peu importe : elle devait cesser de s’embourber dans son délire de « je sais gérer tout mieux que tout le monde ». Sinon, il y aurait des morts. Et bientôt. « Je serai en bas. Prends le temps de réfléchir à ma proposition. » dis-tu alors, espérant que prendre des distances et lui laisser de l’air serait salutaire pour son self-control. Tu te retournes alors et tu déverrouilles le bureau, ouvres la porte et descends les marches pour reprendre ta place initiale, sur ta chaise, devant la scène. Sven t’observe et, sans un mot, tu commandes un nouveau whisky. Tu en as bien besoin.

Don’t get too close, it’s dark inside;

Pando