l'ennui comme mot d'ordre de ce début de soirée, tu soupires en quittant ton matelas. le corps recouvert d'une fine couche de sueur, preuve des efforts désormais oubliés, de la jouissance brièvement effleurée sans jamais être entièrement explorée. — ça t'as plu bébé ? tes sourcils qui se froncent, tes traits qui se tirent. bébé. personne ne t'appelle comme ça. encore moins quelqu'un dont tu ne te souviens presque pas du prénom. zara. zaya ? aucune importance. — ouais. pourtant votre union fut brève, commencée pourtant avec passion et fougue. peu de mots. mais finalement elle ne c'était pas révélée à la hauteur de tes attentes, se contentant de subir sans donner. déception. — tu vas où ? la surprise dans sa voix alors que tu termines d'enfiler ton caleçon, balancé au sol un peu plus tôt sans ménagement. et que tu commences à mettre ton pantalon, lui tournant le dos sans daigner de lui lancer un regard. tu n'aimes pas cette proximité qu'elle s'imagine entre vous. inatteignable, barricadé derrière ta forteresse, tu ne laisses personnes t'atteindre. jamais. rares exceptions qui pour la plupart du temps se terminent mal. comme avec lui. ta mâchoire qui se serre à son simple souvenir que tu préfères balayer. — j'ai un truc à faire, j'dois y aller. ta voix devenue soudainement glaciale, tu veux lui faire comprendre. qu'elle doit partir. que tu préfères te retrouver seul, que tes plans, ils ne s'éternisent jamais.

plus tard.

la douche comme remontant, les sms échangés avec zio qui te remontent le moral. bonne soirée en perspective avec celui que tu considères comme un grand frère. celui avec qui tu t'ouvres, montrant un visage plus souriant, plus joueur. il va arriver d'une minute à l'autre, lui et sa grande carcasse déglinguée. alors tu ouvres déjà deux bières que tu poses sur la table basse, devant le canapé. ton studio taille réduite, c'est un peu le bordel mais suffisamment présentable pour que tu puisses accueillir du monde. la fenêtre ouverte pour laisser l'air frais de la nuit s'engouffrer dans la pièce, la couverture de ton lit en place. il entre sans toquer, de toute façon c'est comme chez lui ici.

— seulement ? même les bières ne remontent pas la note ? tu sursautes quand il te balance ... des snacks et une bouteille de soda ! un léger rire qui s'échappe de tes lèvres, parce que zio il est comme ça, incapable de faire les choses à moitié. — tu rêves zio. jamais tu ne te contenterais de ça en apercevant les plats asiatiques dont l'odeur commence déjà à se répandre dans le studio. mais avant ça ... merde, penses-tu en détaillant ton pote. il rigolait vraiment pas avoir son histoire de voiture. du sang à moitié séché sur le visage, une lèvre fendue. du gravier figé dans son bras. — putain zio t'es vraiment un crétin. insulte gratuite tandis que tu disparais brièvement dans la salle de bain. t'en a connu pires des blessures, après tes combats. le corps parsemé de cicatrices comme preuves de tes actes guerriers. ou miroir de ta propre stupidité. — tiens, nettoie-toi et après je t'agrafe la lèvre. tu lui balances un linge propre, une bouteille de désinfectant et quelques bandes de gaze. tu vas pas le materner non plus. même si tu n'hésiterais pas une seconde. vos fiertés masculines et vos égos. tu soupires. tu commences à débaler une petite agrafe exprès pour les lèvres. combien de fois les tiennes n'ont pas éclaté de la sorte ? mauvaise habitude. — alors raconte. tu t'approches pour aider zio, curieux de savoir comment il a finit dans cet état ... car d'habitude, c'est le contraire. rôles inversés pour une soirée totalement improvisée.

@zio saengkawen