♚ Are you okay ?

Un ami vous dit ce que vous voulez entendre, un meilleur ami vous dit la vérité. - Marilyn Monroe.

♫ Five Finger Death Punch - Bad Company

SEATTLE NORTH - UNION STREET

Aaron était paumé. Mais si lui l'était ; pour Clay c'était bien pire. Paumé, perdu, à la limite tremblotant, sa bouteille à la main. S'il s'agissait de l'alcool, s'il s'agissait de sa rage intérieure ou du mélange des deux... Aaron n'en avait aucune idée. Ce qui importait le tatoueur, c'était juste son état. Clayton n'allait pas bien et ça se voyait. Pas besoin de faire de la psychologie pour s'en rendre compte. Attention ! Ne lui faites pas dire ce qu'il n'a pas dit. Aaron, il respectait Bianca ; même s'il l'avait rarement vue jusqu'ici. Parce qu'elle avait un métier bien prenant et que dans le fond ; notre grand tatoué avait plus d'affinités avec Clay plutôt qu'avec sa sœur. Sa sœur... Aaron avait failli faire un bond, quand il avait entendu son ami lui raconter la suite. D'après Clay, Bianca était avec eux dans la voiture, quand le drame est arrivé. Ça avait été l'Enfer pour toute la famille. L'angoisse... « T'es... ? T'es sérieux ? » Bon, okay... Aaron se répétait, mais il était vraiment en train d'halluciner, là. Plus que d'entendre des nouvelles bien mauvaises de la part de son ami ; Aaron avait vraiment l'impression d'écouter un scénariste lui développer une idée de film. Bordel... En continuant ce qu'il lui expliquait, Clayton avait avoué que la fois suivante – quand il avait embouti sa bagnole dans l'arbre – c'était la première personne qu'il avait appelé par réflexe. « Normal ! » Normal... Oui et non. Oui, parce qu'il s'agissait de sa famille. Et non, parce que c'était vraiment l'un des pires moyens pour faire angoisser la pauvre Bianca. « Mais attends... ? T'as dû lui faire horriblement peur, non ? » Il y avait des chances. Aaron pouvait s'imaginer la scène ; avec une Bianca qui rentrait tard de son boulot et qui recevait un appel dans ce genre-là. Vraiment cool pour terminer sa journée... Ouais. À ce stade, les explications de Clayton s'apparentaient presque à un sketch. À quelque chose de presque surréaliste. Tout se mélangeait et il avait même parlé à Aaron de quelqu'un qui semblait vouloir le joindre. Il y avait une histoire de famille biologique, tout ça... C'était flou et le tatoueur avait l'impression qu'il allait se choper un mal de crâne horrible. Reprenant vaguement son calme, Clayton avait – semble-t-il – voulu lui expliquer les choses plus clairement. En fait, il s'agissait de l'avocat de ses parents. Ses parents biologiques. P'têt bien que ces derniers voulaient le revoir ; ou un truc du genre. Mais dans tous les cas, Clay n'était pas resté. Il était parti, parce qu'il ne voulait pas entendre quoi que ce soit sur le sujet.

Prenant une cigarette, il se l'était allumée et il continuait son monologue alors qu'Aaron l'écoutait toujours. Clay, il n'avait aucune idée sur le pourquoi du comment. Ses parents cherchaient à le contacter pour le retrouver ; lui et Bianca, visiblement. Mais il ne savait rien de plus. Clayton avait ajouté qu'il était le frère d'un certain Mikkel Campbell. Et qu'au fond, il ne savait pas trop si c'était une bonne idée d'apprendre à le connaître d'avantage. L'odeur de cigarette commençait à lui titiller les naseaux ; et Aaron ne s'était pas empêché de grogner. « Bordel, Clay... Tu pourrais au moins ouvrir une fenêtre. Tu sais très bien que ça fait des années que j'ai arrêté... » Et c'était bien pour ça qu'il avait multiplié sa consommation de café, et qu'il avait troqué la nicotine pour la chlorophylle. Tant que l'on en avalait pas ; le chewing-gum c'était pas plus dangereux pour la santé. « Pardon... » Il s'était excusé parce que dans ses confidences, dans son émotion... Clayton avait sûrement oublié. « Mikkel Campbell, tu dis ? Ça ne me dit rien du tout. » De son point de vue, Clay avair l'air de se sentir bête, s'excusant à son tour. Comme s'il avait l'impression de trop se plaindre ; avec ce qui lui arrivait. Clay se trouvait idiot et cherchait à changer de sujet ; demandant à Aaron comment il allait. « Oh, arrêtes... T'es pas idiot ! T'es déboussolé, c'tout ! » Il avait besoin d'aide. « T'as juste besoin d'un coup de main et d'te remettre en selle. » Clairement. « Regardes... Si déjà t'arrêtais de boire autant, j'suis sûr que tu ferais plaisir à ta sœur. T'imagines ? Qu'est-ce que Bianca dirait ; en te voyant comme ça ? T'as vraiment envie de finir dans un état léthargique et faire le déchet humain ? » Il allait p'têt employer des mots durs. Mais d'après Aaron, Clay avait besoin d'un électrochoc. « Merde, Clay... Regardes c'que tu fais ! Tu crois vraiment que c'est c'que ta femme et ta fille auraient voulu ? Voir un gars se laisser dépérir ? Faut aller de l'avant, mec ! J'sais que c'est loin d'être facile de perdre un proche. J'ai perdu mes parents, moi aussi. » Bon... L'ambiance n'était pas au beau fixe ; et qu'il s'agisse de Kass ou d'Aaron, ils avaient moins d'affinités avec eux ; que pouvait en avoir Clayton avec elles. D'accord, il était très proche de sa femme et de sa fille. Forcément, ça lui avait violemment sapé le moral ; le fait de les perdre comme ça. Mais il ne fallait pas qu'il se laisse moisir comme ça pour autant... Aaron, il ne voulait pas être violent au point de le frapper pour lui faire comprendre les choses. Si le tatoueur était un peu énervé ; il était d'autant plus inquiet. Inquiet pour la santé de son ami. « P'tain... Tu veux que j'fasse quoi, moi ? Que j'aille voir ta sœur et que je lui explique l'état dans lequel je t'ai trouvé ? Merde... J'suis simplement ton ami, j'suis plus jeune que toi... Et des fois, j'ai l'impression de devoir agir comme un grand frère qui doit sauver les conneries de l'autre. Tu fais chier, Clayton Morales... » Il ne criait pas. Il ne haussait pas le ton. Mais dans sa voix, Aaron faisait comprendre à Clay qu'il en avait marre et qu'il avait peur, surtout.

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TW : Deuil, décès, accident de voiture, alcool, vulgarité, pensée suicidaire

Tu écoutes Aaron sans trop te concentrer. Il pose trop de questions à ton goût, ou plutôt pour que tu puisses le suivre, avec l’alcool qui coule dans tes veines en ce moment. Ayant allumé une cigarette, tu as complètement oublié que ton ami a arrêté de fumer. Après te l’être fait remarquer, tu l’éteins sans attendre et tu continues tout simplement à descendre ta bouteille. Heureusement qu’il ne sait pas pour tes antidouleurs, ce serait pire ! Car oui, toi, tu abuses de tout en ce moment. Tu n’en as rien à faire de ta vie en fait, mais ça, c’est quelque chose que tu gardes pour toi. Mais tu sais, contre toutes tes attentes, Aaron te fait la morale ? Tu es surpris, sans mots… Tu le regardes pendant quelques secondes avant de serrer les machoirs et de te retrousser le nez. Ta sœur ? Elle a fait comme toi… Elle a pris la voit de l’alcool. « Laisse ma sœur en dehors de ça ! » puis tu continues « peut-être que c’est c’que j’cherche en fait ! Un état léthargique… Comme ça je ne penserai pu… Je verrais plus ce scénario sens arrête et peut être que je n’entendrais plus les balles siffler dans mes oreilles chaque fois que je pose ma putain de tête sur mon oreille ou encore le bruit du fer et du verre qui se brise sous l’impacte de l’autre voiture… Alors oui, oui je veux avoir cet état léthargique ! » Tu es têtue mon beau Clay, plus de ce que tu laisses paraître. Une vraie mule ! Mais lorsqu’il parle de ta femme et de ta fille, ça te fout le feu au cul. Tu frappes ta main contre la table… Tu te lèves, titubant légèrement sur le côté… « Elles ne sont plus là ! Qu’est-ce que ça change ? Mmm… ? » L’alcool te rend peut-être un peu trop agressif en ce moment ou alors c’est la vérité qui te titille les oreilles ? Te fais mal au cœur, peut-être ?

Sous cette pointe de colère, tu termines ta bouteille et tu le regardes droit dans les yeux avec les tiens qui sont rougis, vitreux par ta boisson. « J’t’ai pas demandé de venir… Si tu ne voulais pas, tu pouvais rester chez toi. » Que tu dis en repoussant son aide. « Bianca c’est déjà tout ça ! Elle m’a trouvée en bien pire état… Crois-moi… »

Ton sang bouille, tu as envie de tout détruire, tu sais très bien que tu déçois ton entourage en étant dans cet état. Mais tu dois faire ton deuil, tu dois décrocher, laisser ta femme partir. Pourtant tu ne peux pas… Tu t’accroches et ça t’empoisonne la vie ! Tellement que tu songes même à les rejoindre. Tu as commencé à préparer tes lettres d’adieux, ton plan d’action… Mais ça, tu ne le dis à personne. Tu le gardes pour toi, parce que tu veux être sûr de ne pas manquer… Tu n’en peux plus de cette vie d’enfer, de décevoir les gens autour de toi. Après, tu es trop têtu pour demander de l’aide… Trop têtu pour avouer que tu en as besoin.

Doucement, tu prends la route vers ton salon, où tu trouves ton cher cendrier. Tu le prends en main avant de sortir sur ton balcon de salon pour fumer ta cigarette en paix. Par contre, ce que tu as oublié, c’est que ces lettres, tu les as maladroitement laissés sur ta table de salon. Après tout, tu es normalement trop pété ou trop ivre pour les ramasser… Même les terminées ! Bon, ce ne sont que des brouillons, du gribouillis illisible sur certaines feuilles. Dans le fond… Tu es tout simplement perdu, dans une chute libre vers le fond qui n’est toujours pas atteint, s’enfonçant plus, tous les jours.

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TW : mention d'alcoolémie/suicide

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Bon, okay... Aaron était p'têt allé un peu loin, j'vous l'accorde. Mais d'un autre côté, il se faisait du souci pour Clay. Prenant toujours soin de ses amis, de sa famille ; Aaron était triste de voir Clayton dans cet état. Le fait que l'ancien militaire se laisse aller, de cette façon... Aaron, il n'avait clairement pas envie de rester les bras croisés, sans agir. Dans ce genre de situation, le tatoué faisait tout l'inverse. Une fois de plus, Aaron ne disait rien ; préférant d'abord écouter c'que Clay avait à lui dire, à lui répondre. Le sang de son ami n'avait fait qu'un tour, à la mention de Bianca. Pour lui, Aaron devait laisser sa sœur en dehors de cette histoire. Oui, il était rond comme une queue de pelle. Mais c'était l'état que Clayton avait cherché. Il l'avait voulu et avait fait exprès. Pour lui, c'était le moyen qu'il avait trouvé ; histoire de ne plus penser. De ne plus réfléchir à ce qu'il pouvait avoir dans la tête, en temps normal. Il voulait juste souffler, s'évader... Rester loin de toute la merde qu'il était en train de subir, entre son accident et le reste. Aaron, il avait bien essayé pourtant. Il avait joué la carte du « Et si » ; en vain. Le tatoué, il avait parlé de sa femme et de sa fille. En lui demandant ce qu'elles auraient pu penser, d'après lui. Mais bon... La stratégie était p'têt mal choisie. Pour Clay, ça ne changeait rien. Et ça n'allait rien changer à l'avenir, non plus.

Aaron, il se sentait comme interdit par ce que pouvait lui balancer Clay, sous l'effet de l'alcool. Il n'avait pas envie de le frapper. Non. Le tatoueur n'était pas venu pour ça. Au final, Aaron ne pouvait que subir. Attendre que ça se passe... « T'as p'têt raison. J'aurai dû aller boire mon café ailleurs, au lieu de m'inquiéter pour mon meilleur ami. » Une p'tite réplique cinglante, accompagnée de la p'tite sœur. Deux pour le prix d'une. « C'est bien connu. Ça ne sert à rien de prendre soin des gens que l'on aime, en vrai. C'est surfait. Surfait d'après toi, apparemment... » S'il en avait profité, pendant que Clay s'était rendu au balcon, histoire de fumer ? P'têt bien. Ou pas. Mais dans tous les cas, Aaron se devait d'y donner son point de vue. « Faut m'comprendre aussi, merde ! J'ai l'impression de revoir mon père, quand j'te vois comme ça. Lui aussi, il passait son temps à picoler et il trouvait ça normal ! » Au fond, beaucoup de gens se complaisaient de cette façon. Boire pour oublier, pour se détendre... C'était une solution, mais une solution sur le court terme. Une solution qui – à force – détruisait la santé sur le plus long terme. Une solution dangereuse. Qui rapprochait p'tit à p'tit de la Faucheuse qui attendait patiemment. « T'as trente-huit ans ; et je n'ai pas envie d'te voir crever dans cinq ou même dix ans. T'as encore de longues années pour profiter de la vie ! » Parce que certaines personnes n'avaient pas cette chance là ; et préféraient sombrer. Mourant avant d'atteindre leurs quarante ans ; en laissant leur famille derrière eux. Parfois même, en laissant leurs parents derrière eux. Donc, oui. Aaron s'inquiétait. « Bianca sait p'têt déjà tout ça. Mais moi, je n'ai pas envie de perdre un ami de façon prématurée. » Qu'il avait ajouté, en terminant sa tasse de café, d'une traite. « Du coup, tu veux qu'on fasse un truc ? Qu'on sorte, histoire de t'aérer un peu ? Ou je m'en vais en te laissant décuver ? » Une proposition. Rien d'obligatoire, cela dit. Mais Aaron cherchait juste à lui ouvrir les yeux.

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SEATTLE NORTH - JUNCTION

TW : Deuil, décès, accident de voiture, alcool, vulgarité, pensée suicidaire

Ce qu’Aaron essaye te dit, te passe dix pieds par-dessus la tête. Après, tu es trop ivre pour te rendre compte des gestes que tu peux poser, de comprendre ses leçons de vie qu’il te donne. Alors tu préfères te prendre une cigarette à l’extérieur… Pour essayer de faire taire ton cœur qui saigne, qui crie à l’agonie tellement il fait mal. Tu es dans ton monde, dans ta tête et tu portes une main à ton front pour te frotter vigoureusement jusqu’à ce que ta peau en devienne rouge. « Oh t’inquiète pas… Tu vas me voir partir bien avant ça ! » Que tu répliques. Ok, garder ça pour toi impossible dans ton état. Tu es tout simplement plus capable de faire des efforts. De sourire. D’ailleurs ce sont des yeux mouillés qui accueillent ton ami sur le balcon. « Tu veux que je fasse quoi… J’ai plus la force de rien Aaron ! » Tu termines ta cigarette avant de poser ton cendrier sur la petite table extérieure. Tu t’acote maintenant à la ridelle qui t’empêche de tomber. « J’entends… Je vois… J’essaye, mais rien ne marche ! Même la bouteille commence à ne plus fonctionner. » Tu es sur le point de craquer. « Tout ce que je vois que j’entends c’est les cris de ma fille, les pleurs de ma femme… » Tu déglutis et ton regard se perd maintenant loin, très loin… « Les balles qui sifflent… Les bruits du moteur de la voiture avant que l’explosion ne survienne et… »

Tu t’arrêtes, sentant quelques larmes perler sur tes joues. Alors tu les essuies du revers de ta main avant de croiser les bras sur ta poitrine. « Tu peux partir… Je… Je n’ai pas envie de sortir. » Que tu dis en détournant le regard. Tu te refermes après l’avoir ouvert légèrement sur une pointe de panic. Tu veux continuer ta beuverie jusqu’à perdre connaissance et te réveiller le lendemain, voilà ce que tu veux. Mais tu sais qu’un jour, il va falloir te reprendre en main… Seulement, tu ne vois pas le côté lumineux des choses. Seulement l’ombre de toi-même.

Finalement, tu entres dans ta maison, passant à ses côtés. « Après… Tu vas sûrement partir comme tous les autres alors… fais ce que tu veux… Reste, part… J’men fou. » Que tu dis en te laissant tomber sur le canapé.