Terminal

La vraie sagesse, la vraie supériorité ne se gagne pas en luttant mais en laissant les choses se faire d'elles-mêmes. Les plantes qui résistent au vent se cassent, alors que les plantes souples survivent aux ouragans. - Épicure.

♫ Hans Zimmer - Opening Titles (Call of Duty Modern Warfare 2)

SEATTLE-TACOMA AIRPORT

Issa. Ce nom était aux bords de toutes les lèvres, répété des centaines de fois ; au fil des heures qui défilaient. Les cyclones, les typhons, les ouragans... Pour éviter ça, Ayame était rassurée de ne pas vivre au Japon. Cela dit, les États-Unis n'avaient rien à leur envier. Les côtes américaines avaient essuyé bon nombre de difficultés à ce niveau-là. Mitch, Emily, Katrina, Rita, Wilma... Ayame, elle se rappelait de toutes ces catastrophes naturelles qui avaient balayé le pays durant l'an 2005. Et si aujourd'hui Issa était considéré comme étant moins violent que ceux que j'ai pu vous citer, il n'en restait pas moins dangereux. La panique pouvait clairement se faire sentir. Les autorités faisaient tout pour mettre en sécurité la population. Mais gérer des mouvements de foule, ça restait compliqué. Surtout dans des endroits régulièrement fréquentés comme l'aéroport de la ville. Seattle-Tacoma était animé d'un tumulte sans précédent. Ayame, elle n'était pas ochlophobe pour autant. Malheureusement, ce n'était pas le cas de tout le monde. Des cris et des pleurs, mêlés aux bruits d'alarme ; se faisaient entendre dans tout le secteur. Les escalators, les ascenseurs... Tout avait été mis hors service par précaution. D'autant plus que d'après les informations ; des coupures au niveau de l'électricité et de l'eau courante étaient à prévoir, Issa étant classé au niveau 4. Encore ce chiffre... Autant vous le dire tout de suite, Ayame préférait largement vivre ce genre de scénario sous un plaid devant sa télévision ; avec une tasse de thé blottie contre l'épaule de sa femme. Sumire... « クソ ! » Elle avait juré parce que son téléphone ne captait rien. Et à défaut d'être complètement saturé pour l'instant ; les soucis du réseau n'allaient probablement pas s'arranger par la suite. Et pour cause... Dans la précipitation, bon nombre de personnes se bousculaient. Et même si on pouvait considérer Ayame comme sportive, l'agent du FBI faisait toujours un mètre cinquante-cinq et quarante-cinq kilos. Athlétique, agile mais bien trop légère dans ce genre de situation. Vite engloutie dans un amas d'êtres humains paniqués ; qui couraient dans tous les sens. Et sur les dernières marches d'un escalier, Aya avait subi la chute. Dans l'angoisse, la jeune femme s'était mal réceptionnée. Très mal... La main, le coude... N'étant pas forcément gauchère, le mouvement ayant été trop rapide... Ayame avait pu ressentir une douleur vive dans l'épaule ; accompagnant son accident dans un cri. Cherchant de la stabilité, elle s'était vite adossée contre un mur, la main droite essayant tant bien que mal de maintenir son épaule souffrante. Instinctivement, elle avait cherché son cellulaire du regard. Il était bien là, posé près d'elle ; l'état de l'appareil étant bien plus rassurant que le sien. Ayame, elle se savait maladroite ou malchanceuse parfois. Mais à ce point-là... Réfléchissant une seconde, l'agent du FBI se demandait si elle ne regrettait pas la balle de prise, lors de cette fusillade ; il y avait de ça plusieurs années. Une luxation... C'était quand même bien plus douloureux tant sur le plan physique et moral. Surtout pour une guitariste comme elle...

Terminal

La vraie sagesse, la vraie supériorité ne se gagne pas en luttant mais en laissant les choses se faire d'elles-mêmes. Les plantes qui résistent au vent se cassent, alors que les plantes souples survivent aux ouragans. - Épicure.

♫ Hans Zimmer - Opening Titles (Call of Duty Modern Warfare 2)

SEATTLE-TACOMA AIRPORT

Si on lui avait posé la question, jamais Ayame n'aurait pu s'imaginer avoir une telle poisse aujourd'hui. Pour elle qui misait énormément sur le facteur chance ; se retrouver dans une telle situation à l'intérieur de l'aéroport... Ça frisait le surréalisme. L'agent du FBI serrait les dents, une larme coulant le long de sa joue. La douleur était presque insoutenable. La chute avait été dure et violente, sur le coup. C'en était quasiment sûr, maintenant. Avec son bras gauche dans cet état, elle allait devoir prendre des congés. Et en plus de ça, jouer de la guitare pour passer le temps ; ou faire son sport quotidien... Tout ça allait devenir une tannée, dans les jours à venir... Ayame, elle avait toujours ce besoin de bouger, de s'occuper. Hormis les soirs de week-end, elle avait souvent du mal à tenir en place. Mais cette fois-ci, le destin en avait décidé autrement... Au bout de quelques minutes, un  homme était venu à sa rencontre. Il avait l'air plus jeune de quelques années et visiblement blessé, lui aussi. Décidément, aujourd'hui était vraiment une journée de merde. Une journée qu'Ayame aurait bien passé dans son lit, tout compte fait. L'inconnu, curieux, se demandait si l'asiatique allait bien. Lui-même l'avait dit : il n'était pas médecin ; mais semblait s'inquiéter de son état. « J'ai... J'ai connu mieux ! » Qu'elle lui avait répondu, en grimaçant ; tant son bras lui faisait mal. Regardant autour de lui, le jeune homme avait semble-t-il repéré un endroit où se réfugier. Et tout naturellement, il avait demandé à Ayame si elle pouvait ramper avec lui. Ça allait être difficile. Mais elle devait le faire. Il n'y avait pas d'autre choix. Après tout... Ce n'était pas comme si elle n'avait jamais connu la difficulté. 風の中で育った木は根強い。 « L'arbre qui a grandi dans le vent a des racines solides. » Un autre proverbe qui faisait écho a celui qu'elle utilisait tout le temps. 七転び八起き « Sept fois à terre, huit fois debout. » Essayant de bouger, Ayame avait tout de même voulu le prévenir. « Mon bras me fait mal. Mais j'sais pas s'il est cassé. J'ai l'impression... » D'avoir le bras coincé sous des décombres. Ou sous un véhicule qui s'était retourné. Mais c'était l'idée... « Ça n'a pas l'air bon du tout. C'est comme si ça s'était disloqué ou fracturé. » Elle n'en savait rien et dans tous les cas, elle n'en avait pas envie. Certes, elle était droitière pour tenir son flingue. Et les cordes, elle les frottaient de manière conventionnelle ; avec la main droite. Mais jouer sans accords, avec un bras en écharpe... Rien que l'idée la faisait déprimer. « J'te suis. Enfin... » Ouais... Pas le choix. « J'vais essayer. Je n'ai pas envie d'te ralentir. » Si lui n'avait pas l'air en bon état non plus, il avait l'air d'avoir encore l'usage de ses deux bras. Si Ayame avait mal à la tête, c'était limite si elle en avait la possibilité de s'en rendre compte ; tant son bras lui faisait un mal de chien. D'ailleurs... Si on se référait à son astrologie chinoise, Ayame était née sous le signe du lapin. Son totem, c'était le lapin de feu ; pour être plus exact. Et qu'on y croit ou pas, bon nombre de choses pouvaient lui correspondre. Notamment sur le fait de ne pas baisser les bras, quelles que soient les difficultés encourues. Si vous voulez bien me passer l'expression. Brèfle ! Astrologie ou non ; il allait falloir bouger de là. Sa bonne étoile, elle l'avait au-dessus de la tête. Kenshirō, Sumire, ses parents... Ils l'aidaient tous à garder cette motivation et l'envie d'aller au bout des choses. D'atteindre ses objectifs. Et pour le moment, ce bar en faisait partie.