Le paradis, selon le couple de touristes anglais qui s'émerveillaient de la vue en rigolant quand ils se faisaient éclabousser par les vagues. Il n'y avait pas un nuage à l'horizon, et l'eau était tellement claire que même avec la vitesse du bateau, on pouvait apercevoir quelques poissons sous la surface. Bianca aussi, était accoudée à la barrière du bateau, mais elle n'avait pas vraiment le coeur à profiter de la vue.

Elle avait quitté les états-unis pour la première fois de sa vie pour rejoindre le Mexique, terre natale de ses parents, dans l'espoir de rencontrer sa famille maternelle. Cela faisait presque huit ans que cette dernière avait poussé son dernier souffle et son absence était toujours aussi difficile dans le quotidien de sa fille. Bianca avait donc économisé tout ce qu'elle pouvait pour rejoindre ce pays, espérant y retrouver une famille perdue qui ramènerait au moins une partie de l'existence de sa mère dans sa vie.

Ses parents n'avaient jamais voulu parler du Mexique avec elle. Tout ce qu'ils se contentaient de dire, c'est qu'ils n'avaient pas eu le choix de partir. La raison de leur départ était un mystère. Heureusement pour Bianca, son nouveau job au FBI venait avec des avantages, et la jeune fille avait pu trouver le nom et l'adresse d'une de ses tantes. Cette dernière était censée vivre sur une île près des côtes, mais quand Bianca se rendit à l'adresse, on lui ferma presque la porte au nez, en lui susurrant entre les dents que personne de ce nom n'habitait là, et qu'elle devait sortir de la propriété.

Bianca se retrouvait donc sur un bateau en route pour les côtes, sans avoir rencontré qui que ce soit, et sans pistes pour la suite. Le "paradis" mentionné par les touristes anglais semblait donc très terne à ses yeux.

La jeune fille finit par se lasser du soleil et décida d'aller s'asseoir sous la partie couverte du bateau. Un couple asiatique avec leurs deux enfants étaient assis à gauche, donc Bianca alla s'asseoir à droite, près d'un type d'environ son âge, peut être un peu plus jeune. Elle sortit son téléphone et commença à écrire un message à Eliott, pour le prévenir qu'elle rentrerait sûrement plus tôt de cette escapade désastreuse.

Mais soudainement, son téléphone vola de ses mains et elle fut projetée contre la table du deck. Quand elle releva la tête, le couple asiatique semblait paniqué, et parlaient nerveusement à leurs enfants dans une langue que Bianca ne connaissait pas, et le couple anglais, désormais à terre, s'offusquaient qu'ils avaient failli passer par dessus bord. Le moteur du bateau était désormais éteint et l'équipage courraient en direction de la cabine du capitaine.

Ils étaient clairement bien loin du paradis à présent.

sous le soleil brûlant, tes pieds s’enfoncent rigoureusement dans le sable chaud. t’as de la peine à marcher convenablement. tes poumons hurlent dans une respiration presque saccadée et irrégulière. à dire vrai, ton corps en entier est martyrisé. les nuits torrides s'enchaînent. les visages se basculent et ta mémoire, toujours aussi vive, s’en souvient. tu n’oublies aucune conquête. aucune rencontre. ces souvenirs sont comme le moteur de ton existence sur le sol américain. la gasoline de ton équilibre pourtant si fragile, si hésitant.

un sourire, un étirement de lippes et te voilà conquis. il sera ton énième proie. il en a pas le choix, son destin sera scellé entre tes doigts. la tête en ébullition de toutes ces images peu catholiques, tu suis ses pas. il monte au bord d’un bateau de fortune et tu comprends l’inévitable ; si tu veux le mettre dans ton lit, tu dois mettre les pieds dans ce moyen de locomotion touristique. t’aime pas ça elias. non, tu détestes pas. tu as des goûts de luxe. tu es habitué aux yachts aux designs derniers cris, au mécanisme élaboré. là, c’est l’inconnu qui t’ouvre les bras. et malgré une certaine appréhension, tu fais taire cette voix qui t’intime de rester sur le sable chaud. de ne pas t’aventurer plus loin. tu l’ignores et glisses plusieurs billets à l'énergumène responsable de ce bateau miséreux. ta quête de séduire l’individu basané ne fait que commencer.

les acclamations des touristes bourdonnent dans tes oreilles. ils sont bruyants, ces cons. ils s’extasient pour des futilités, gigotant dans tous les sens. merde. ils brouillent ton champ de vision, t’empêchant de guetter ta prochaine prise. quand tu t’apprêtes à leur demander de s’éloigner, ton corps tout entier est projeté en avant. la force de gravitation fait que la partie haute de ton anatomie heurte la table de check. ta serpentine claque contre ton palet, une expression ennuyée défigurant ton faciès. ” hey ! il se passe quoi là ? demandes-tu, dans un espagnol presque parfait au moment où tes prunelles se posent sur l’individu que tu as suivi. il semble paniqué et sa réaction hyperbolique te donne la nausée. un brin maniéré pour toi. non, il fera pas l’affaire. sur cette conclusion peu joyeuse, une sensation de fraîcheur s'abat sur tes orteils. un rapide coup d'œil te permet de comprendre l’évidence ; ce bâteau de fortune est en train de couler. bien, super ! ” et merde ! l’injure à peine débitée que tes émeraudes croisent les iris plus foncées de la demoiselle à tes côtés. une détermination enflammée danse dans ton regard, faisant écho au sien. ” t’essaies de les calmer le temps que je vois ce qui se passe ? c’est inévitable. les touristes sont terrorisés. les pleures des enfants commencent à surgir, te tapant sur le système. et toi, tu n’as aucun tact surtout dans ce genre de situation. tu préfères alors joindre l’équipage, leur demandant s’ils ont un plan de secours. une interrogation qui se heurte à une confusion visible sur leurs visages. le topo est simple elias ; faut nager jusqu’à la terre ferme à moins d’avoir une soudaine illumination. bordel de merde.

La panique s'était emparée des passagers du bateau. Des cris, des pleurs, une tension qu'on pouvait sentir presque autant que la transpiration de l'équipage. Bianca avait récupéré son téléphone, mais bien que son visage soit stoïque, réaction nécessaire pour une récente recrue au fbi, le stress qu'elle pouvait lire dans les yeux des marins n'était pas rassurant.

Entre les pleurs des enfants, la jeune fille détecta une voix qui semblait différente des autres. Moins qu'apeurée, elle semblait... énervée ? Rien de surprenant puisque c'était un mécanisme de défense normal lors d'un événement traumatique, selon ses bouquins de psycho, mais tout de même unique sur cette embarcation qui dérivait de plus en plus vers la tragédie antique.

Selon les observations de Bianca, personne n'avait la moindre idée de comment gérer la situation. Il allait donc falloir se montrer ingénieux. Et ce type semblait du genre trop têtu pour mourir. Bien plus utile qu'une vieille anglaise en pleine crise d'asthme en tout cas. Et le sentiment sembla partagé puisqu'il s'adressa ensuite à Bianca, en anglais cette fois. Sacré gringo ! Il allait en faire une babysitter en plus !

Bianca ne parlait pas la langue de la famille asiatique, et avait résisté pendant tout le voyage à pousser le couple anglais par dessus bord, juste pour qu'ils se taisent enfin pendant quelques minutes, mais il fallait bien faire quelque chose, donc elle hocha la tête et se dirigea vers le couple.

Elle aida la dame à se relever, l'accompagna avec son mari vers le deck où elle était assise quelques minutes plus tôt. "Vous inquiétez pas, ça arrive tout le temps au Mexique. C'est juste une panne de moteur." Mentit-elle. Elle se tourna ensuite vers la famille et leur fit un signe du pouce, espérant que ce soit un symbole positif chez eux aussi.

Il lui fallait ensuite trouver les gilets de sauvetage, au cas où ils finissent à l'eau. Bianca pouvait nager sans problème, mais les enfants présents étaient assez jeunes, et l'inhalateur de l'anglaise ne la ferait pas flotter. Seulement personne n'avait parlé de gilets de sauvetage quand ils avaient embarqués, et Bianca ne trouva aucun signe d'eux sur le deck.

Elle décida alors de partir à la recherche de son partenaire improvisé de catastrophe navale, et de l'équipage par la même occasion, pour demander les gilets, et faire un point sur la situation.

Pas un seul des marins n'était resté sur le pont, elle dû donc se débrouiller pour trouver la cabine du capitaine, où le type de plus tôt était avec l'équipage."Ça va, vous voulez un café ?" Demanda-t-elle en espagnol, fixant le capitaine avec un air de défiance. Elle se tourna ensuite vers son fellow american. "On va finir à l'eau ou pas ?" Tant qu'elle nageait plus vite que le couple anglais, elle devrait pouvoir échapper aux requins.

il a suffit d’un instant. un petit instant pour que l’imprévisible se produise. la panique ne se fait pas prier. elle s’installe rapidement dans les esprits des plus vulnérables. elle se fait grandiose au point d’assassiner toute réflexion poussée. pourquoi t’es là déjà ? pourquoi tu as opté pour une escapade surprise en ton dernier jour sur le territoire mexicain ? pour suivre une proie. un butin ne correspondant pas à ton standard finalement. tu as envie de te mordre les doigts, de te gifler mentalement. et pourtant, tu choisis de te martyriser plus tard, tu as du pain sur la planche et ton objectif principal est de t’en sortir indemne. l’instinct de survie mélangé avec ton égoïsme réveillé.

la jeune femme à tes côtés, est la seule calmée. elle ne semble pas être prise d’angoisse exagérée. alors, dès que la proposition est lancée, tu fonces vers la cabine de l’équipage terrorisé. oui, ils le sont et cela ne présage aucune bonne nouvelle estimée. ton cerveau carbure. les questions fusent ainsi, toujours dans la langue locale. ” des gilets de sauvetage ? les regards se croisent. les lèvres se muent solennellement. tu n’as pas besoin de plus de démonstration pour comprendre l’inévitable ; ils n’ont pris aucune mesure de sécurité. ce qui compte pour eux, c’est de s’empiffrer les poches, faisant preuve d’une inconscience démesurée. ” la radio, vous avez essayé la radio ? l’envie de meurtre ravalée, tu t’exclames dans un calme dont tu es le premier surpris. ça ne marche pas. dit l’un des miséreux. personne ne répond. ajoute le capitaine d’un air malheureux. là, et seulement là que la brune courageuse fait son entrée. une entrée fracassante. sa tirade baignée de sarcasme, engendre une sorte d’accalmie en toi. tu es conscient de devoir compter sur elle pour vous en sortir. le reste n’est qu’un poids mort. ” ces cons n’ont pas de gilets, faut se cramponner à la radio avant d’envisager le pire. dis-tu dans leur langue. les blesser volontairement est un pur délice que tu t’accordes. tu demandes les coordonnées de l’espace maudit avant de répéter la même chose inlassablement dans le transmetteur. entre temps, tes prunelles ne cessent de tourner à droite et à gauche. peut-être qu’un bateau touristique passera par là. c’est une possibilité que tu négliges pas.

L'équipage fixait la jeune fille avec un mélange de surprise, mépris et honte. Et ils avaient bien raison parce que Bianca n'avait pas prévu de mourir ainsi, et qu'elle n'hésiterait pas à utiliser leurs corps sans vie pour se construire un radeau de sauvetage. Et vu l'annonce de son compatriote concernant la situation, elle n'était pas loin de les tuer de ses mains pour se lancer dans la construction. Shout out à son collègue américain pour la réplique en espagnol, néanmoins, Bianca apprécia grandement son initiative de rouler dans la boue ces moins que rien.

Elle leur jeta un regard meurtrier, déterminée à leur faire comprendre qu'elle s'assurerait qu'ils regrettent leur existence si la situation n'était pas rapidement résolue, avant de faire un pas vers la radio. "Laisse-moi essayer quelque chose." demanda-t-elle au jeune homme, en lui prenant -le plus poliment possible, c'était son seule allié ici- la radio des mains.

Aucune réponse, ni aucun son n'émanait de l'objet, néanmoins, si la connexion passait, elle avait peut être une chance d'alerter les autorités. Elle se mit alors à appuyer sur le bouton de communication en séquences. Un. Deux. Trois. Puis plus lentement. Puis la première séquence à nouveau. "C'est du morse. Mais si les gardes côtes sont aussi doués que ces guignols, je ne sais pas si ce sera utile." Son entraînement au FBI ne l'avait pas formée à la réparation de bateaux, mais elle avait bénéficié de quelques aptitudes plutôt utiles dans des situations de vie ou de mort.

Après avoir répété la séquence plusieurs fois, Bianca décida qu'il était temps de songer à un plan B. Ils n'avaient aucun moyen de savoir si leur message avait été reçu ou non, ils devaient donc réfléchir à un moyen de survivre au cas où le bateau coulerait. Elle se tourna alors vers son allié, et demanda, espérant sincèrement qu'il ait une idée : "Je peux nager, mais je doute que les gosses sachent. Et les anglais..." Elle ne finit pas sa phrase. "On fait quoi sans gilets ? On a pas de canaux j'imagine ?" demanda-t-elle cette fois à l'équipage.

l’envie de meurtre est palpable. elle fait battre ton myocarde et pomper toute bienveillance de ton esprit. toutes les insultes que tu veux débiter. toutes les jérémiades que tu veux gueuler. tu te tais par miracle histoire de te focaliser sur l’étape à suivre. si la radio ne fonctionne pas, il ne reste plus qu’à attendre et espérer sans perdre la foi. doucement, la jeune femme te sort de ta torpeur et reprenant le cabinet d’entre tes mains. elle tape d’une manière irrégulière et directement, l’information atteint ton cerveau. du morse. oui, t’arrives à en détecter les messages sans pour autant connaître la signification. tu n’es pas calé dans ce genre de langage. les personnes capables d’avoir une telle expertise sont principalement celles qui ont eu un entraînement physique et cérébral au sein d'une organisation bien déterminée. ” tu es de la police ? demandes-tu du tac au tac. tu espères que la réponse soit positive juste pour effrayer davantage l’équipage. ils se trouvent déjà dans le moisi. une couche supplémentaire ne serait pas de refus.

à présent, tu sais ne pouvoir que compter sur la brune. elle est vive d’esprit et ne se laisse pas consommer par la folie. vous avez peur, c’est écrit sur vos faciès et pourtant, vous essayez de chercher des idées afin de ne pas avoir de regrets. seulement … seulement, les options commencent à manquer et tu te retrouves à devoir avouer l’évidence sans dramatiser. ” j’pense, que la première chose à faire est d’prévenir tout le monde. proposes-tu dans un mélange bilingue des deux langues que tu maîtrises particulièrement bien. tu fais un geste de la tête vers l’avant du bateau ; les touristes sont effrayés. tu imagines que le fait de ne rien savoir n’aide pas leurs causes. ” être dans l’ignorance est le pire des châtiments. tu ne lâches pourtant pas le cabinet téléphonique. l’espoir est traître. ” on pourrait, éventuellement, essayer de rapprocher le bateau de l’île. tu te tournes cette fois vers le capitaine. les autres, tu renies leurs existence. ” vous avez d’quoi ramer, au moins ? il hoche de la tête dans un signe positif et pour toi, il s’agit de la première bonne nouvelle depuis la soudaine catastrophe. tu regardes alors la brune, les sourcils levés, attendant son aval à ta proposition. ” j'pense qu'il faut que tout le monde aide à cette tâche. les plus petits pourront éventuellement essayer d'vider l'eau du mieux qu'ils peuvent.

La question du garçon te fige. Même si il est bien utile, et que c'est probablement la seule personne sur qui tu peux un minimum compter sur cette barque misérable, tu ne le connais pas, après tout. Et étant dans un pays étranger, mentionner ta position au FBI ne serait pas forcément une bonne idée. Après quelques secondes d'hésitations, tu réponds donc "Non." sans lever les yeux de la radio. Techniquement ce n'est pas un mensonge. Tu n'es pas de la police.

Après quelques séquences supplémentaires, tu finis par poser la petite machine. Il est temps de prendre les choses en mains, et ton acolyte propose de prévenir tout le monde. Ta mâchoire se crispe, anxieuse à l'idée de devoir revivre la panique du départ, mais consciente que le jeune homme n'a pas tort. Rapprocher le bateau de l'île ne sera pas une tâche facile non-plus. Donc sans les bras de tout le monde, aussi frêles soient-ils, vous n'y arriverez pas. Tu réfléchis donc un court instant, essayant de te remémorer les chapitres sur l'attention aux victimes en cas de drame ou de situation dangereuse, mais rien ne te vient en tête. Va falloir y aller à l'instinct.

Pendant que l'équipage s'occupe de trouver les rames, et quelque chose pour écoper l'eau qui envahit de plus en plus le bateau, tu te diriges vers les autres touristes avec ton partenaire de fortune. Mais avant d'atteindre le deck où ils sont tous assis, tu t'arrêtes, et te tourne vers le garçon. "Moi c'est Bianca. C'est quoi ton nom ?" Tu n'es pas forcément en train de faire la conversation. Mais tu sais que votre petite opération sera plus efficace si tout le monde agit en équipe. Donc c'est préférable que vous connaissiez vos noms. Au moins vous deux.

Tu visualises déjà le plan dans ta tête. Prévenir les anglais, puis la famille asiatique. Et puis tu réalises un truc. Tu vas leur dire comment à la famille asiatique ? Tu sais même pas quelle langue ils parlent. Et même si tu savais honnêtement, tu pourrais toujours pas leur parler. Tu reportes alors ton attention vers le garçon, priant intérieurement pour une réponse positive. "Tu parles espagnol... Y'a d'autres langues que tu parles ? Parce que la famille avec les gosses... On va leur expliquer comment ?"

la réponse négative de la jeune femme est une petite déception. t’aurais au moins aimé effrayer l’équipage. ces gens qui se pensent plus futés que d’autres. mais rapidement, tu passes à autre chose. l’instinct de survie est bien plus important que ton envie de te venger d’eux. cela n’empêche pas ton esprit de divaguer. de te tourmenter d’avoir eu la fabuleuse idée de monter sur ce bateau de fortune. sérieusement, c’était une mauvaise idée. une très mauvaise idée. c’est décidé, tu n’iras plus jamais jusqu’au bout dans le but de séduire une conquête. tu ne veux pas finir assassiné ou noyé pour les beaux yeux d’un quelconque apollon. résolu à ne plus faire qu’à ta tête, tu es à présent déterminé à quitter ce bateau. en vie et en bonne santé. tu balances alors l’idée sans grande conviction. mais en réalité, vous n’avez pas beaucoup d’options. personne ne répond à la radio, il y a pas de bouée de sauvetage. ils n’ont que des rames alors, tu trouves cela judicieux de les utiliser pour vous en sortir. alors que tout le monde quitte la chambre de contrôle, tu fronces les sourcils. ils sont bêtes ! ” il faut que quelqu’un reste ici, peut-être qu’on finira par répondre à la radio. le capitaine décide de rester et de tenter encore. pour toi, c’est une sage décision.

à côté de la jeune femme, tu observes tout ce monde à la fois effrayé et confus. tu t’apprêtes à mettre ton plan à exécution quand la jeune femme se présente. bianca. ” elias. j’aurai aimé te connaître dans d’autres circonstances. dis-tu dans un ton léger, comme pour détendre l’atmosphère. et te faire oublier pendant quelques instants ton calvaire. à la question de la brune, tu esquisses un léger sourire. ” pas du tout. par contre, je parle le langage universel. attends. tu t’approches de la famille des asiatiques et tu te mets à leurs expliquer la situation en utilisant tes mains, des gestes, suivis par quelques mots que tu espères, ils comprendront. c’était pas facile, c’était même laborieux mais tu n’as pas d’autre choix que d’utiliser les signes, comme tu as fait lors de tes précédents voyages dans des pays où tu maîtrisais pas leur langue natale. ils se parlent entre eux et à ta grande surprise, ils se montrent plutôt efficaces, probablement plus que les anglais qui se mettent à pleurer. même si ça t’irrite, tu essaies de les calmer pour l’intérêt général. enfin, surtout le tien. ” hey, calmez-vous d’accord ? on va s’en sortir. il faut juste qu’on soit solidaires sur ce coup. ils hochent la tête nerveusement et toi, tu tends une rame à bianca, gardant une autre pour toi. ” t’es d’ici, bianca ? c’est vrai, tu as du pain sur la planche, mais rien ne t’interdit de converser avec elle. en réalité, ça te détend énormément.

Elias. Tu lui aurais sûrement donné un prénom de ce genre, il a une tête d'Elias. Son commentaire porte un sourire au coin de tes lèvres. Ça aurait effectivement été mieux de se rencontrer autour d'un mojito sur une plage, au lieu de se retrouver coincés sur un bateau qui tombe en ruine au milieu de l'océan. Tout aurait été mieux que ça, en fait. Mais bon, vous allez faire avec, pas le choix ! "Ça aurait été plus sympa, c'est vrai. Faut juste qu'on s'arrange pour qu'on ai d'autres occasions !" C'était pas vraiment une invitation, plus un rappel que mourrir dans ces conditions était hors de question, parce que vous avez probablement tous les deux des plans bien plus cool pour le futur. Tu finis par demander si il a un moyen de communiquer avec la famille asiatique, parce que clairement, toi, tu saurais pas quoi faire. Malheureusement Elias ne semble pas plus doué en terme de langues, mais il se débrouille pas mal avec les mains. T'es presque ahurie de la manière dont il arrive à se faire comprendre. C'est un succès, la famille se met au boulot. Les anglais, par contre c'est une autre histoire. Franchement, tu commences à regretter de pas les avoir poussés par dessus bord quand t'en avais l'occasion. Mais finalement, Elias arrive à calmer leurs pleurs, et ils se joignent à la fête. Tu laisses échapper un soupire, trahissant ta difficulté à rester bienveillante.

Ton acolyte te sort finalement de tes pensées, une rame tendue en ta direction. Fun. T'attrapes la rame un peu à contre coeur mais te met quand même directement au travail. Avec la chance que t'as, si vous mourrez, tu te retrouveras en enfer à partager une chambre avec les anglais ! Heureusement pour toi, la fin de ta formation au FBI n'est pas si lointaine, t'as donc toujours les muscles et l'endurance nécessaire pour être plutôt utile. Tu commences à être un peu plus optimiste quand tu vois que la côte se rapproche. Très lentement, mais elle se rapproche. Du coup quand Elias se lance dans une conversation, t'es presque d'humeur à papoter. Et puis au final, te sortir de tes envies de meurtre, c'est pas si mal. "Nope pas vraiment. Jsuis de Seattle. Près de Seattle en tout cas." Tu te rends compte un peu trop tard de tes mots. Depuis tes débuts au FBI, t'as tendance à être plus prudente avec les inconnus. T'avais donc pas particulièrement l'intention de lui donner plus de détails sur toi que ton nom. Mais bon, après tout, il est dans la même merde que toi, et il a l'air plutôt sympa, donc autant profiter de l'occasion. T'auras au moins un pote utile en cas d'apocalypse si vous survivez ! "Et toi, t'es un ancien criminel, fuyant son ancienne vie sous le soleil mexicain ou t'es en vacances ?" Tu dis ça en rigolant parce que tu connais déjà la réponse. Les criminels recherchés sur le continent américain, t'as mémorisé toutes leurs têtes. Et puis il a l'air un peu trop jeune pour être le genre de type qui feint sa mort pour échapper à la justice. Quoi qu'il serait certainement assez malin pour !

oui clairement, t’aurais aimé la rencontrer dans d’autres circonstances. dans un autre tableau moins cataclysmique. loin de ce bateau en ruine et de cet équipage pathétique. vous allez vous en sortir indemnes. vous allez quitter cet océan pour la terre ferme et vous allez reprendre vos vies comme si de rien n’était. à ce moment, tu verras la jeune femme. c’est la première pensée qui effleure ton esprit alors qu’un léger sourire se plante dans la commissure de tes lèvres. un étirement de courte durée quand la réalité rattrape tes aspirations ridicules. désires-tu réellement la revoir sur le sol américain ? comment expliqueras-tu ta présence au mexique ? personne n’est au courant de tes escapades. il s’agit de ton secret inavoué lié à un autre bien plus épouvantable. tu délaisses ces réflexions pour l’instant, tu as des choses bien plus importantes à faire comme, rester en vie. tu refuses catégoriquement de servir de déjeuner aux requins affamés. pour y arriver, tu as besoin de jouer plusieurs rôles comme celui de médiateur entre la catastrophe et quelques touristes. tu détestes ça. dépendre d’autres personnes pour ne pas crever. encore une fois, tu reviens auprès de bianca quand tout le monde commence à se bouger le cul. elle est définitivement la seule avec laquelle tu as envie de rester dans ses moments décisifs.

la détermination à son paroxysme, tu commences à ramer tout en comptant sur ton endurance physique. d’ailleurs, celle de la jeune femme te saute aux yeux. soit elle est extrêmement sportive soit elle n’a pas dit la vérité quand tu l’avais interrogé sur son travail. suspension activée, tes mouvements s’arrêtent au nom de la ville prononcée. seattle. merde. elle est peut-être ta voisine et tu l’ignorais ? ” ah oui … seattle. elle t’a pas retourné la question et c’est tant mieux. elle fait plutôt preuve d’humour auquel tu te laisses entraîner. ” criminel en cavale ouais. t’es pas de la police, j’risque rien non ? c'est peut-être une manière détournée pour la pousser dans ses retranchements. alors que tu essuies la sueur au niveau de ton front, tu reprends la parole. ” simple étudiant, j’avais envie de … respirer, loin de tout. ou peut-être envie de laisser court à tes préférences sans devoir à chaque fois ressentir cette détestable peur viscérale dans tes entrailles. envie d’un semblant de liberté, tout simplement. ” bianca … c’est moi ou le bateau commence à se rapprocher de l’île ? tu clignes des yeux à plusieurs reprises pour vérifier. tu n’as pas tort, le bateau bouge réellement grâce aux efforts de tout le monde. la dose d’adrénaline dans le sang, tu encourages l’assemblée pour qu’iels doublement d’efforts. tu vois le bout du tunnel. ” si on s’en sort, j’te payerai tous les verres que tu veux ! la joie te trahit.