don't get too close it's dark inside - Liam

«Date d'arrivée» : 12/09/2021

- don't get too close it's dark inside @Liam Keller

En voyant le numéro de téléphone s'afficher sur l'écran tactile de son portable, la blonde fronça les sourcils. Elle ne le reconnaissait pas. Pendant un instant, elle songea à ne pas répondre, tout simplement. Après tout, c'était peut-être un truc bidon du genre hey bravo vous avez gagné une croisière ou encore un truc du genre avez-vous cinq minutes de votre vie pour répondre à un "court" sondage. Et puis merde, son instinct lui soufflait qu'elle ferait mieux de décrocher pour vérifier si ce n'était pas important. Ce qu'elle fit, alors qu'une voix s'annonçait comme étant... il avait bien dit, les pompiers? Pardon? Le nom de sa mère raisonna ensuite à ses oreilles, ainsi que son adresse. Fuck de merde. Elle lâcha un rapide j'arrive tout de suite, avant de raccrocher. Un voisin du quartier avait bêtement téléphoné les secours parce qu'il disait ne pas voir de signe de vie depuis plusieurs jours du côté de la maison. Ce qui était parfaitement normal, puisque sa mère ne sortait JAMAIS de chez elle. Ce voisin devait donc être nouveau et ignorant. Pourquoi est-ce que les gens faisaient chier? Foutu voisins incapables de se mêler de leur affaire. Grognonne et inquiète, Theo prit les clés de sa voiture et quitta son appartement sans plus attendre. Elle connaissait bien sa mère, la présence des pompiers ne feraient que l'apeurer encore plus. Elle-même avait la plus grande difficulté à entrer dans la maison et elle était sa propre fille. Theo devait bien admettre qu'elle n'avait jamais été très proche d'elle depuis l'apparition de son agoraphobie. Naturellement, elle avait pris ses distances, puis elle était partie vivre dans son propre logement. Ça ne l'intéressait pas de rester enfermé tous les jours avec elle dans la résidence familiale. Le problème était survenu peu de temps après que son père fût condamné pour meurtre. Sans être psychiatre, elle croyait que cet événement avait rapport avec sa phobie soudaine. Comme si elle ne faisait plus confiance à personne et qu'elle croyait qu'on lui ferait du mal. C'était triste et honnêtement, Theo n'en parlait jamais à personne. Ses amis les plus proches le savaient, mais même encore là, elle détestait parler de sa mère. Tout le monde la considérait comme la folle du quartier et cela faisait des années maintenant qu'elle ne se comportait plus en mère pour elle. Malgré tout, la blonde se rendit en voiture jusqu'au domicile en question, espérant que ce ne serait pas une erreur de se pointer là-bas. Est-ce que les pompiers forceraient l'entrer? Et si sa mère était en crise, est-ce qu'elle serait capable de la raisonner?

Une fois sur place, Theo laissa sa voiture sur la rue. Elle reconnut tout de suite la petite maisonnette où elle avait grandi. C'était petit, mais confortable, rien d'extravagant. Le terrain avait cruellement besoin d'entretien, mais mis à part cela, tout semblait normal. Voyant qu'un pompier semblait communiquer avec sa mère à travers la fenêtre, elle se dépêcha de le rejoindre, le cœur serré par une soudaine inquiétude. « Hey! Vous! » Elle l'interpella d'un ton tendu, avant de franchir les derniers pas pour arriver à sa hauteur. Lorsqu'elle croisa son regard, elle ignora son beau visage, question de ne pas se laisser amadouer si aisément. Ça ne lui ressemblerait pas. Beau ou non, elle ne savait rien de ce type. « Moi c'est Theo, c'est ma mère qui habite ici. On m'a téléphoné et je suis venue. Elle est agoraphobe donc inutile d'insister, elle ne laisse personne entrer chez elle...» Autant être directe dans ses explications et ne pas passer par quatre-chemins pour faire un profil de sa mère. Parlant d'elle, la blonde s'approcha de la porte principale avant de frapper quelques petits coups. « Mom!? C'est moi. Tout va bien? » Est-ce qu'il y avait réellement un problème ou c'était une fausse alerte? La connaissant, elle devait être dans un état de stress en voyant toute l'attention qu'elle recevait tout à coup. Notant une absence de réponse, elle soupira. Fait chier. Glissant une main dans sa poche, elle récupéra une clé, celle de la porte. Est-ce qu'elle ferait mieux d'entrer de force? Difficile à dire. Jetant un coup d'œil au même pompier qu'elle avait abordé, elle poursuivit. « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, elle va sûrement bien c'est bon. Elle vit seule depuis plusieurs années. » Il ferait mieux de repartir et de la laisser gérer ça toute seule. Après tout, elle était habituée de se débrouiller par elle-même lorsqu'il était question de sa famille.

«Date d'arrivée» : 13/11/2021

Don't get too close it's dark inside

Theo Myers & Liam Keller

Il était en train de cirer ses rangers lorsque son nom résonna dans la caserne. Enfilant rapidement ses godasses tout en écoutant attentivement les explications de son supérieur quant à la mission qui venait de lui être attribué, Liam était partagé entre différentes émotions. La première était simple, il était content de pouvoir sortir de là tant il en avait marre de tourner en rond depuis le début de son service, et puis, il était toujours heureux quand il s’agissait d’aller donner un coup de main à un compatriote. La seconde le fit hausser les épaules alors qu’il fronçait les sourcils, à la fois inquiet et un peu nonchalant. Lorsque les appels provenaient du voisinage, c’était quitte ou double. Soit l’intervention était réellement utile, urgente, vitale, soit il s’agissait tout bonnement d’une personne prenant les pompiers pour de simples serruriers. Le jeune homme avait été plus d’une fois le témoin de scènes un peu surréalistes. Il suffisait que la hotline dédiée au 911 ne soit pas parvenue à filtrer correctement la demande pour que ses collègues et lui se retrouvent à devoir expliquer que non, ils n’étaient pas là pour déboucher des toilettes… Heureusement, ce genre de déconvenue restait relativement rare, les habitants de Seattle faisant preuve, la plupart du temps, de bon sens afin de ne les faire se déplacer qu’en cas de nécessité, bien que cette dernière était différente en fonction de tout à chacun. Il était toujours le premier à se porter volontaire pour aider un chat bêtement coincé en haut d’un arbre – même s’il avait du mal à comprendre pourquoi ces petites bestioles grimpaient sur de tels perchoirs alors qu’elles n’étaient pas en mesure de redescendre par leurs propres moyen-, ou pour venir en soutien à une mamie égarée, mais lorsque cette dernière était tranquillement à l’attendre dans son canapé, lui expliquant que ce n’était pas pour elle qu’il était là, mais pour retrouver son dentier, le sourire de Liam perdait rapidement de sa superbe. Il faisait tout de même en sorte de remettre la main sur les dents si précieuses afin que la vieille dame puisse savourer son prochain repas, et il serait mentir que de dire que les petites douceurs préparées avec amour allant souvent de pair avec ces péripéties ne jouaient pas un rôle important dans ses motivations. La gourmandise… Bref.

Liam adorait son boulot, chacune de ses facettes. Il aimait l’adrénaline d’un combat contre les flammes, les sourires qui pouvaient accompagner le passage des hommes en uniforme, les remerciements après un sauvetage, les mots gentils suite à une intervention sans importance. Ce qu’il abhorrait en revanche, c’étaient les larmes, les cris de désespoir, les coups de rage qu’il pouvait voir après un drame. Ça, ça lui tordait les entrailles, les lui remuant jusqu’à lui donner envie de s’enfuir loin pour se terrer dans un trou de souris. À défaut d’avouer que son travail mettait régulièrement son désir de planer à rude épreuve, il préférait ne pas en parler, garder pour lui toutes ces tentations qui lui bouffaient le bide par moments tant sa vocation tardive avait le don de le repousser dans ses retranchements. Il voulait se montrer fort Liam, ne pas craquer. Pour lui bien sûr, mais principalement pour Théa. Il n’avait pas le droit de flancher, il n’en avait plus le droit. Cette litanie, il se la martelait souvent, comme si le fait de la répéter encore et encore l’empêcherait de déconner à nouveau. Douce utopie que la méthode Coué ! Il avait fléchi plus d’une fois, le genou à terre, essayant de garder la tête haute tandis que ses yeux devenaient brumeux, que son palpitant s’accélérait et qu’il s’abandonnait doucement dans ce plaisir coupable, dans sa faiblesse, dans sa connerie.

En l’occurrence, maintenant que son partenaire et lui étaient arrivés sur les lieux, Liam se demandait surtout pourquoi un voisin s’était montré si inquiet. En dehors d’une pelouse non entretenue, rien ne laissait présager qu’un problème était survenu dans la petite maison devant laquelle ils avaient garé leur véhicule. Et pourtant, le coup de téléphone était clair, il n’y avait eu aucun signe de vie de la part des propriétaires depuis maintenant plusieurs jours. Peut-être étaient-ils tout simplement partis en vacances, ou alors, ils étaient malades, allongés au fond de leur lit, éternuant en attendant que ce fichu rhume les laisse tranquilles. Le jeune homme s’était approché en observant les alentours. La rue était calme, mais lorsqu’il fut à seulement quelques mètres de la porte d’entrée, une voix avait retenti depuis l’intérieur de la battisse, le sommant de déguerpir rapidement. Le timbre était tremblant, l’inquiétude se lisait aisément dans les trémolos de la femme qui venait de lui dire de partir et bien que cela ressemblait à une preuve de vie humaine n’ayant aucun souci particulier, il préféra s’en assurer. Juste au cas où. Ce ne serait pas la première fois qu’on lui faisait comprendre qu’il n’était pas le bienvenu, alors que s’il insistait un peu, il n’était pas à l’abri de découvrir qu’en réalité, la situation était plus tendue qu’elle ne laissait paraître. Violence conjugale, blessure sérieuse voulant être cachée pour x raison… Autant de possibilités et de raisons qui poussaient souvent bien du monde à vouloir se cacher et à refuser de l'aide extérieure. Après avoir appuyé sur la clenche et constaté que la porte était verrouillée, son instinct l’avait guidé jusqu’à la fenêtre à travers de laquelle il apercevait une dame assise sur son canapé, comme figée sur place alors qu’il lui demandait à travers le carreau si tout allait bien. Cette fois, il n’eut aucune réponse en retour. Elle se tenait droite, ne le regardait pas, elle s’obstinait à scruter le mur se trouvant en face d’elle, comme si tourner son visage dans sa direction était trop difficile.

« Madame ? Est-ce que tout va bien ? », avait-il à nouveau demandé. Silence. « Nous sommes là pour nous assurer que vous n’ayez aucun problème. », de là où il se trouvait, il ne voyait rien. Personne d’autre ne semblait être présent, et si on mettait de côté l’angoisse qu’il pouvait lire d’ici sur le profil de la femme, rien ne devrait l’alarmer plus que cela. Mais en ce cas, pourquoi avait-elle aussi peur ? « Je ne suis pas obligé de rentrer pour être rassuré, vous savez. On peut également se contenter de discuter comme ça. Vous de votre côté du mur et moi… du mien. », il tenta un sourire pour désamorcer la situation, mais la seule chose qu’il reçut fut une nouvelle fois le néant. Quoique… Il sursauta légèrement en entendant une voix l’interpeller dans son dos, et c’est en haussant un sourcil qu’il interrogea la nouvelle venue, « Et on peut savoir qui vous êtes et ce que vous faites ici ? ». A la réponse reçue, il comprit rapidement que, finalement, c’était lui l’intrus… Les explications de la jeune femme mettaient en lumière beaucoup de choses, « Oh, je vois. C’est donc pour ça que les voisins ne voient aucun mouvement venant de cette maison. ». Se redressant pour faire face à la jolie blonde, Liam la regarda s’approcher de la porte pour s’annoncer et constater que même sa propre fille ne recevait pas de réponse le mit quelque peu mal à l’aise. La situation ne devait pas être des plus agréables, ni des plus faciles à gérer pour la famille proche. Il se gratta l’arrière du crâne tout en pinçant sa lèvre inférieure alors qu’il pouvait entendre le cliquetis du verrou qui tournait tandis qu’on lui indiquait une nouvelle fois que sa présence n’était pas souhaitée. Telle-mère, telle-fille, bien que les raisons furent différentes.

« Le déplacement est fait, alors maintenant que je suis là, autant que je m’assure par moi-même que tout va bien. On n'est jamais trop prudent... », un sourire plus tard, il poussa du plat de la main le battant de la porte tout en hochant la tête pour faire signe à la jeune femme de passer la première. Il ne partirait pas s'en s'être enquit de l'état de santé de la propriétaire des lieux. Son but n’était pas d’inquiéter la femme qui restait cloîtrée, mais il devait être certain que tout allait bien, et voir un visage familier avant d’en voir un inconnu était sans doute la meilleure des solutions. Cela devrait l’apaiser et ainsi lui laisser la possibilité de faire une auscultation rapide et efficace, il allait faire en sorte de limiter les contacts physiques pour ne pas trop empiéter sur son espace. Par contre, s’il était de son devoir de s’assurer que la dame était en bonne santé, il était hors de question de l’inquiéter plus que nécessaire en la noyant de monde alors il fit volte-face pour parler à son coéquipier, « Tu devrais attendre dans la voiture, ce n’est pas la peine de l’inquiéter outre mesure en débarquant trop nombreux. File-moi la trousse, je t’ai vu mille fois faire des soins, je vais m’en charger pour cette fois ». Refermant la porte après avoir pénétré dans la petite maison, il se tourna vers la blonde, un sourire aux lèvres afin de désamorcer la situation et donner un ton plus léger à leur échange, « Je m’appelle Liam. ». Il lui tendit sa main de libre, des présentations étant de circonstance. Sans doute qu’un peu de familiarité mettrait la mère agoraphobe en confiance, permettant ainsi qu’elle baisse sa garde le temps que le pompier vérifie que sa santé n’était pas en danger. Toujours dans le but de mettre la mère de la jeune femme plus à l’aise, Liam se délesta de sa veste de pompier, prenant ainsi une allure du commun des mortels – chose qu’il était – et non pas d’une personne venant spécialement prendre des nouvelles de quelqu’un n’appréciant guère le monde ou être le centre de l’attention, « Je suis prêt, je vous suis. ».

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«Date d'arrivée» : 12/09/2021

- don't get too close it's dark inside @Liam Keller

La situation était bizarre. Elle avait déjà vu des flics débarqués ici par le passé, mais jamais les pompiers. Elle sentait tout de suite la différence dans le type d'énergie. Les flics étaient moins patients et plus pressés de réagir ou d'intervenir. Le type devant elle semblait très calme et assuré. C'était un peu déconcertant, mais d'une certaine manière, ça lui évitait de monter le ton et d'être sur ses gardes inutilement. Elle n'aimait pas du tout que l'on se mêle des problèmes de sa famille, encore moins quand c'était un parfait inconnu en uniforme. Par réflexe, Theo lui assura que sa mère allait sans doute très bien. Elle se montrait silencieuse par peur et non pas parce qu'elle était sur le point de mourir. Ce serait malaisant d'entrer avec eux de toute manière. Pourtant, le pompier lui répondu que maintenant qu'il était sur place, autant vérifier lui-même que tout était correcte. La blonde hésita quelques secondes, plantant son regard dans le sien. Il semblait honnête et gentil. Elle hésitait tout de même. Sa mère pouvait mal réagir à sa présence. C'était impossible de le savoir et elle serait bien gênée si celle-ci envoyait le pompier balader. Du genre dégage d'ici en vitesse, c'est chez moi ici et blabla. Elle connaissait les répliques classiques d'agoraphobe. « Okay, vous pouvez entrer alors... » Ce serait sans doute moins intimidant que les flics, du moins, elle l'espérait. La blonde entra donc dans la demeure, reconnaissant la décoration comme si celle-ci n'avait pas changé d'un poil depuis son départ. Les meubles de bois, les petits animaux de porcelaines sur une étagère, le vieux tapis délavé de l'entrée ou encore l'odeur familière d'une bougie parfumée qui brûlait lentement dans le salon. « Maman? C'est moi, t'inquiète pas » Question de prévenir avant de faire plus qu'un pas. Elle et... Liam. D'accord. Elle ne lui rendit pas immédiatement son sourire, préoccupé par la situation. « Liam est avec moi, c'est juste un ami » Parce que c'était moins intimidant que pompier envoyé par les voisins pour vérifier qu'elle allait bien. Du moins, elle croyait que c'était une meilleure idée de le présenter ainsi. Ça montrait qu'elle lui faisait confiance, en quelque sorte. Ils se connaissaient depuis carrément 5 minutes, mais détail. Theo fit ensuite quelques pas, guidant son nouvel ami vers le petit salon où sa mère c'était littéralement caché derrière une couverture en laine. Pas sa meilleure cachette. « Theo! Pas de visiteurs chez moi! » La blonde soupira, avant de poursuivre d'un ton calme et moins tendu que celui de sa mère. « On sera parti dans 10 minutes...» Elle fit ensuite signe à Liam de faire comme chez lui, question de ne pas trop prendre de son temps. Après tout, il travaillait en ce moment et il y avait probablement des cas plus urgents que sa mère.

Rapidement, elle jeta un regard par la fenêtre, repérant tout de suite les voisins de devant qui les observait depuis leur propre fenêtre. Ah mais! Elle irait leur glisser deux mots à ses foutus voyeurs qui n'avaient rien d'autre à faire de leur vie. D'un geste rapide, elle tira sur le rideau pour s'assurer de leur couper la vue et discrètement, elle lui fit également un fuck you bien senti avec son majeur. Immature? Autant parler le même langage qu'eux! Bref. Theo se tourna ensuite vers sa mère, le découragement se lisant aussitôt sur son visage. Et merde. « Arrête maman, Liam ne mord pas... laisse le faire » Sachant que si quelqu'un pouvait mordre, c'était surtout elle. « Tu sais très bien ce que j'en pense des hommes! » Oh, ça. La blonde jeta un regard rapide vers le pompier, avant de hausser les épaules. « Que ce sont tous des tueurs? » Comme son père. Comme l'homme qu'elle avait marié donc. Avec le temps, Theo s'était habituée à ce genre de commentaire. Elle avait appris à ne pas se laisser atteindre par les paroles de sa mère. La pauvre fabulait la majorité du temps donc bon. « C'est toujours madame Patterson qui t'apporte les courses? » Sa mère hocha la tête. Bon, elle mangeait encore donc. C'était un bon début. Glissant une main dans ses cheveux, elle soupira légèrement. Bordel que tout était toujours compliqué avec elle. C'était lourd. « Sois sympa avec Liam, il est gentil. Est-ce qu'il y a eu un truc inhabituel ces jours-ci? » Question de faire diversion avec une question qu'elle saurait répondre aisément puisqu'elle observait toujours tout. Elle croisa son regard quelques secondes et Theo pinça légèrement les lèvres en une moue boudeuse. Ses grands yeux émeraude et ses longs cheveux blonds fripés. Est-ce qu'elle aurait exactement l'air de ça plus vieille? « Non, rien de spécial... le fils d'un voisin est venu sonner à la porte pour rigoler et j'ai téléphoné à la police » Ce fameux jeu stupide de gamins de banlieue ouais. En même temps, si elle avait encore le réflexe de téléphoner à la police, c'était un début. « J'irais leur parler si tu veux » Comme dans le prochain imbécile qui vient faire peur à ma mère aurait affaire à mes poings. Détail qu'elle garda pour elle-même. Elle posa finalement ses fesses sur le petit fauteuil du salon, surveillant que sa mère n'attaque pas ce pauvre pompier.

«Date d'arrivée» : 13/11/2021

Don't get too close it's dark inside

Theo Myers & Liam Keller

Les craintes de la demoiselle étaient légitimes, son manque d’enthousiasme à l’idée de voir deux pompiers inconnus pénétrer dans la maison de sa mère n’avait absolument rien d’étonnant. Mais Liam avait un travail à faire, et il n’envisageait pas une seule seconde de rebrousser chemin avant de s’être assuré au préalable que la dame se trouvant à l’intérieur allait bien. Agoraphobe ou non. Après tout, si elle ne mettait jamais le nez dehors et que le moindre contact humain l’angoissait, il était aisé d’imaginer que sa dernière visite chez le médecin devait dater… Alors puisqu’il était là, autant qu’il se rende utile ! Et puis, il pouvait se montrer patient, il se fit la promesse intérieure de ne pas être brusque, de prendre le temps qu’il faudra pour pouvoir faire une auscultation complète et d’offrir les soins nécessaires auxquels chacun a le droit. C’est dans ce but, et afin de ne pas effrayer celle qui allait, sans doute, être terrorisée par cette intrusion qu’il se délesta de sa veste, rendant sa tenue le plus normal possible, jouant au simple civil faisant une visite de courtoisie, comme un ami de la famille.

En entrant dans la pièce, il fit un rapide état des lieux tout en gardant son sourire, ne focalisant pas son attention sur la femme dont il pouvait sentir l'angoisse d'ici, « Bonjour madame Myers. Promis, on ne restera pas longtemps ». Il avait largement eu le temps de regarder le nom se trouvant sur la boîte aux lettres en arrivant, et après s’être mordu la lèvre inférieure pour ne pas laisser un petit rire s’échapper en voyant le geste, déplacé pour certains, amusant pour lui, émis par cette Théo, d’après les dire de sa mère, Liam prit place sur le canapé tout en ouvrant doucement le sac contenant les affaires de secours. Ses mouvements se firent lents, précautionneux, mais il n’y avait rien à faire, la mère de famille n’étant pas décidée à se laisser faire. L’intervention de la petite blonde lui fit lever un sourcil, et l’échange sur le ressentit de la dame sur les hommes l’intrigua, à peu près autant qu’il le mettait mal à l’aise. Pourquoi penserait-elle un truc du genre ? Liam ne montra rien de son questionnement, et continua de vérifier calmement les constantes de sa patiente qui gigotait pour lui complexifier la tâche. Il pouvait sentir son regard inquiet peser sur lui, mais il conservait son sourire, essayant de se montrer rassurant, le moins inquisiteur possible. Cette peur des autres était irrationnel, il en avait conscience, mais bien souvent, elle était lié à un traumatisme, alors ce n'était pas la peine d'en rajouter en se montrant impatient ou agacé.

Tout semblait aller, le cœur avait un rythme normal, la tension était bonne, les réflexes vivaces puisqu’elle avait tenté de s’échapper en se glissant à l’autre bout du canapé… « Bonne nouvelle, vous êtes en pleine forme madame Myers ! À part ces petites plaques qu’on peut voir sur vos mains, tout me semble en ordre. », il marqua un temps d’arrêt, se demandant s’il devait s’approcher encore pour examiner sa peau, mais cela ne lui sembla pas vraiment opportun. « Je dois pouvoir vous trouver une crème qui arrangera ça. Je… Je pourrais vous l’apporter demain. », il serait en congé, et aurait tout le temps de venir la lui déposer. Liam avait annoncé cela naturellement en rangeant ses affaires, puis toujours en faisant attention à ses gestes, il s’était levé, laissant son sac au sol pour se diriger vers une petite étagère pour observer les bibelots en porcelaine qui s’y trouvaient, « C’est une collection impressionnante que vous avez là ! ». Il ne toucha à rien, non seulement pour être sûr de ne pas casser un des petits animaux, mais également pour montrer qu’il respectait le besoin de la vieille dame de ne pas voir un inconnu tripoter ses affaires. Récupérant son sac au pied du canapé, il lui dédia un nouveau sourire avant de reprendre la parole rapidement après avoir humé la bonne odeur qui emplissait la pièce, « Je vais essayer de vous trouver un parfum qui vous plaît pour la crème. Jasmin, si je ne me trompe pas ? ». Avec un peu de chance, elle ne l’enverrait pas bouler sans ménagement, il espérait bien pouvoir revenir et surveiller sa santé de temps à autre, c'était important, et ce, même si ce n’était que par un pompier. Il fit quelques pas en arrière pour s'éloigner en direction de la sortie avant d'ajouter, « À bientôt alors. Demain ! Si vous ne voulez pas ouvrir, je vous déposerai ce dont vous avez besoin sur le palier, sinon on pourra discuter un peu et repasser un chouette moment ensemble. ».

En renfilant sa veste laissée dans le couloir de l'entrée, Liam soupira, soulagé que ça se soit terminé sans encombre et heureux du devoir accompli, puis il se tourna vers la jolie blonde, « J'espère que je ne lui ai pas trop fait peur. Ça ne doit pas être facile pour vous cette situation... ». Ouvrant la porte, il la laissa passer la première, sa voix étant emprunte d'empathie, une risette amusée accompagna sa phrase suivante tandis qu'il observait son collègue au loin, l'attendant dans le véhicule, « Théo, c'est un joli prénom. Votre mère a du gout. »

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