quelle est ta position vis à vis des behemoth ? Un peu moins de vingt ans, assez pour que je puisse m’imprégner de ma langue natale, l’espagnol, sans perdre le luxe de pouvoir en user. Si Barcelone fut mon berceau, c’est clairement Washington qui trace ma destinée. Cette ville, où les hautes instances politiques se dressent, est celle où je veux réussir, probablement aidée par le nom Sanchez qui me colle à l’épiderme. Ma famille possède une certaine influente ici, établie depuis plus de quinze ans, mon père a su construire un empire grâce aux achats hasardeux de ses aïeux au Brésil et au Venezuela. Carrés de terre peu fertiles qui cachaient un trésor en leur centre. Washington, c’est comme le monde mais en plus petit. Toutes les ethnies s’y côtoient. Tout ce que l’on voudrait faire s’y trouve. Et si parfois je me suis égarée au milieu de ses rues, il n’en demeure qu’on ne pourrait m’arracher à la grande W. Il est vrai que mes parents prospèrent et ont bâti un empire de par leurs diamants et leurs saphirs mais une partie de leurs gains sont issus d’un commerce plus audacieux, plus malicieux mais moins honnête. Distillant les pierres précieuses en poudre pour les reconstituer au centuple à partir d’une. Commerce florissant lorsque le faux s’invite dans la partie.
quelle est ta position vis à vis des behemoth ? La ville est assez grande pour que tous puissent évoluer différemment. Se brûler les ailes et vouloir agir selon le chemin du chaos n’est finalement qu’une étape vers la vérité. Qui ne s’est jamais tromper ? Tant qu’ils n’interfèrent point dans les affaires des Sanchez, cela donne de quoi s’occuper à la justice locale. Néanmoins, je ne suis pas insensible et déplore les pertes lors de leurs agissements. Personne ne devrait posséder le droit de vie et de mort car cela relève d’un trop grand pouvoir entre les mains de l’humain, qui est par définition faible et ne sait gérer ce qui le dépasse.
quelle est ta plus grande peur et ta plus grande faiblesse ? Ma plus grande peur est qu’on me mette à nue. Qu’on découvre chaque fêlure dans ma carapace et qu’on les exploite afin de me trainer plus bas que terre. Ma plus grande faiblesse demeure mon ambition. Il est aisé de m’avoir grâce à celle-ci. Dépasser les plus grands, me hisser au rang de reine sans jamais demander de l’aide.
quel est ton plus grand regret ? L’indépendance gagnée, loin du joug familial. Carcan semblable à une prison où les préceptes doivent être respectés. Lié à cela cette sombre histoire où je me suis moi-même brûlée les ailes, arrachant ses espoirs à une innocente créature et réduisant presque en esclavage cette proie sur laquelle j'avais planté mes griffes.

tell me something
1. Danse, chant, cours de bonnes manières, équitation, escrime, natation synchronisée, solfège…les activités extrascolaires se comptent en dizaines et l’enfant, tel un automate, agit sans demander. Acquiesce sans se questionner. L’avènement d’une ère pour les Sanchez. Le déclin de sa personnalité pour l’ingénue. Carapace qui se forge au rythme des heures de souffrance. Car la douleur pare ses membres, sublime ses traits et aiguise ses sens. Douleur de ne pas être elle. Douleur d’obéir pour toujours briller alors que le soleil n’est jamais comparé. Flattée souvent, rabaissée toujours. L’équilibre imparfait de l’image qu’elle renvoie contre ce qu’elle aimerait crier au monde.
2. Il n’y eut des coups, seulement les larmes qui strient le visage émacié de sa victime. Papillon qui butine au sein de cette école privée qu’elle côtoie, exclusivement féminine. Fleur qui exècre par sa rareté. Sourire bienveillante, main tendue envers son prochain. La comparaison parfaite pour tous les parents en quête du parfait rejeton. Ella, le syndrome de Cendrillon fait réalité. Adulée et adorable. Guère une once de perfidie dans sa voix. L’alliée qu’il ne faut avoir sous peine d’éteindre votre lumière. Cela commença par quelques regards noirs mais lorsque ses parents lui adjoignirent de prendre exemple, Zara fut comme possédée. Les coups bas, les râgots colportés à tout va. L’ingéniosité de sa manipulation résida dans sa capacité à toujours avoir un coup d’avance. Tant et si bien qu’on ne l’y prit jamais. Récupérer les miettes de la malheureuse. Son cercle intime qui devint le sien. Son chevalier servant extérieur qui rallia sa cause. La « râpiat » comme on la nommait, suave surnom soufflé aux autres par Zara, tint plusieurs mois, même une année. Zara toujours à ses côtés, exploitant sa force vitale peu à peu pour se sentir reine au milieu des minables. Pour les laisser se prosterner quand la déchue de son titre décline. Elle fut violentée, parfois, mais jamais de son fait. La violence, ce n’est pas sa marque de fabrique. Ecarter, fustiger, manipuler mais point de douleur physique. Seule la mentale qu’elle connait devait subvenir. Et l’ange chuta. Changement d’établissement, adieux peu déchirants et les parents de Zara qui lâchèrent un « nous te l’avions bien dit de ne pas rester avec pareille vermine. » Sourire satisfait plaqué sur les lèvres elle paradait la lionne dans sa savane.
3. Mais cette noirceur l’exècre. C’est dans son art, en « créant » qu’elle rejette toutes ses ténèbres. La dualité. Pareille félonie dont elle se flagelle toujours. A toujours vouloir plus, vouloir faire mieux. Sa dernière parade, garder Kinsgley à ses côtés. Réussir. Toujours et encore plus loin.
4. Famille parfaite aux ambitions démesurées. Posséder des mines de diamants et de saphirs ne leur suffit. Marchander avec la pègre. Flirter avec l’illégalité, voilà ce que l’homme d’affaires Sanchez fait. Fierté dont il se cache pourtant, affichant un sourire parfait dans tous les galas de charité où il traîne Zara. Zara déjà pervertie par ses pratiques qui incline la tête en signe de soumission et ne voit la beauté dans cela mais qui se plait à avoir l’attention de son « papa ».
5. Poupée Sanchez sans aucun accro. L’image enjôleuse, le sourire figé et l’œil sans émotion. Machine à propagande pour que le chèque soit toujours plus gros. Et si ces idées la révulsent, elle continue de hurler intérieurement tout en se flagellant pour ne commettre aucun impair. Elle ne s’autorise aucun faux pas, aucune pause. Si elle peut déprécier les autres pour mieux briller, elle le fait. Néanmoins, tous la considèrent comme la prodige Sanchez, l’enfant qu’on désire tous avoir à ses côtés. Fille unique au poids colossal sur les épaules.
6. Le secret. Encore un autre. Le « dirty ». Maquillage outrancier, cheveux au vent et tenue réprimandable. Apparence qui dénote, langage qui harponne le premier venu. Elle n’est plus Zara Sanchez mais juste Zara. Petite fille sans repère qui ne sait comment développer sa propre personnalité car n’est même pas sûre d’être la construction d’autres. Elle laisse d’autres mains la modeler mais s’instruit des expériences de ces oiseaux des bas-fonds, parfois plus riches que son compte en banque. L’humain, cocktail dont elle est avide. Richesse à travers les mots qu’une signature sur un chèque ne peut balayer.
7. Le cœur aux abonnés absents. La flamme qui jamais ne vacille car l’esprit n’est pas au rendez-vous. Elle ne sait démêler les sentiments mais s’ils sont passagers, ils ne la dévorent jamais. Jusqu’à lui, Kingsley. Il devient son bijou fétiche, celui qu’elle montre au monde pour parader. Attirance qu’elle n’explique, peut-être cette dualité qui forme un tout ? Dès lors, leur relation s’effrite et Kinsgley ne veut rester. Mensonge, manipulation, voilà comment elle opère, à nouveau. Révulsée de nombreuses fois devant ce schéma de l’horreur qui se répète, elle s’y tient pourtant. Le menaçant de dénoncer sa participation à des combats clandestins mais surtout illégaux. L’enregistrement qu’elle possède, denrée détestable qu’elle a tentée de brûler sans y parvenir, seul rempart tangible de son affect pour lui. Ce n’est qu’une question de bons procédés n’est-ce pas ? Il n’est pas question de passion ou dévotion. Un simple chantage. Zara ne sait toujours pas démêler ses sentiments.
8. Très à cheval sur son apparence pour des raisons évidentes de pression familiale, elle ne s'autorise aucun alcool, aucun aliment nocif et surtout aucune addiction : cigarette, drogue et autres aux oubliettes. Mode de vie qui, encore une fois, ne la satisfait mais dont elle ne parvient à se détacher.
9. Peur panique de l'eau depuis son adolescence, le jour où elle s'est vue sauver de la noyade par celle dont elle fut le bourreau. Déclic dans esprit qui associe désormais le liquide transparent à l'échec. Elle ne sait se tenir si vous la poussez un peu trop près du rivage.
10. Difficile de gérer l'héritage familial tout en souhaitant s'épanouir. Elle tient depuis peu son indépendance en résidant seule. Si le luxe s'invite dans son quotidien et qu'elle ne se verrait loin de tous ces artifices, il est des libertés qui lui plaisent. Son père prend ses ambitions de créatrice pour un passe-temps mais les croquis jonchent le sol de son appartement.
11. Zara ne sait gérer les relations avec les autres, préférant emprisonner que partager. Ainsi, elle n'a pas réellement d'amis ou juste pour le prestige, ils ne connaissent rien de la donzelle.
12. Elle aimerait pouvoir crier au monde toute sa haine et recommencer. Au lieu de cela, c'est en parfait petit soldat détraqué qu'elle avance. Les piles presque mortes et les fusibles peu connectés.