debout en pratique, casque coincé sous le bras; t’as la tête baissée. l’astre déjà haut dans le ciel était d’une agressivité habituelle. mais aujourd’hui, tu sentais la brûlure comme un tison pressé directement sur les rétines. et la réalisation se fait lente, même si elle devrait te frapper de plein fouet à une vitesse étonnante: t’as pas pris tes médicaments. depuis deux jours, si ce n’est pas plus. aucune alerte, une soirée à marquer le canapé de ta carcasse lourde, abandonnée. les yeux rivés sur un écran, l’ouïe perturbée par les déblatérations de ta meilleure amie. viens, on regarde, ça manque à ta culture. étrange film amateur d’une variations particulières des contes des frères grimm accordé à l’énigmatique noirceur de david lynch. t’es plus du genre à regarder des classiques à la hannibal lecter. ou même boire une bière devant un documentaire de jack l’éventreur. mais c’était elle qui décidait, pour le peu de fois qu’elle te visitait. c’est que ton moral ne te donne pas l’envie d’être faussement en harmonie. puis après tout ça, t’as tout simplement oublié que t’étais malade ; parce que t’as eu une journée où tu te sentais bien. puis aujourd’hui. où l’un de tes genoux rencontre la verdure et qu’un malaise te force à t’absenter du terrain. après la consommation rapide (et à moitié rejetée, estomac serré) d’une bouteille d’eau, tu prends la route vers l’appartement. non sans t’arrêter dans un petit marché pour récupérer une seconde bouteille d’eau fraîche. peut-être des croustilles aussi.

seulement, te voilà dans la rangée, à croiser ton regard à celui d’une jeune femme. probablement dans ta tranche d’âge ; d’une beauté similaire à un magnifique paysage saisonnier. elle doit sentir les fleurs, que tu te dis. les pensées arrachées par son sourire, tu te détournes sans répondre. et la simplicité du moment se transforme en enfer éphémère. tu l’espères. parce que peu alerté par les propos criés, c’est l’écho d’un coup tiré qui vibre jusqu’à tes tympans. et tu restes debout, électrisé par tes mauvaises décisions. t’as le crâne qui va exploser si tu ne prends pas un antidépresseur dans les prochaines heures. une interpellation te semble adresser, alors tu reviens lentement à toi, sac de salines dans la paume de main. et tes yeux ont à peine le temps de rejoindre ceux d’un vulgaire personnage que tu percutes le sol d’un coup de crosse au haut du front fortement placé. on t’ordonne d’être assis et d’te tenir tranquille, assommé. ta bouteille roule jusqu’aux pieds de l’inconnue. et tu réalises à peine l’hémoglobine qui commence à couler, suivant la courbe du sourcil pour éviter l’agression oculaire. l’agresseur retrousse les talons sans aucun dû pour avoir une meilleure vision du territoire, un de ses coéquipiers occupés à menacer l’employé derrière la caisse. main porté au front, sans t’intéresser à la douleur, tu murmures à la demoiselle. - t’aurais pu lui faire un croche-pied. alors que ce n’est pas le temps des si j’avais, t'aurais dû. t’as envie de vomir, c’est à peine gérable. - ça va.. ? que tu souffles vainement, alors que résonne un juron pas très loin et des menaces faussement mortelles sûrement proposés par l’un des imbéciles. tu regardes finalement l’état carmin de ta main, bouleversant un - fuck personnel.