depuis quand es-tu à washington et qu'en penses-tu ? Tu es née ici , à Seattle , tu as grandis entre les pavé pourris de cette ville. Tu as grandi dans les quartiers pourris, dans les immeubles qui taisent des portraits de famille macabres. Tu n'aimes pas cette ville, tu n'aimes pas l'odeur de mort qui traine dans ses rues quand on quitte les beaux quartiers. Pourtant, tu ne te vois pas vivre ailleurs qu'ici, qu'entre les géants de béton si familiers. Qu'entre les rues sombres remplies de dangers.
quelle est ta position vis à vis des behemoth ? De la fascination, tu tentes de comprendre, les tenant et les aboutissant de cette pratique. Tu tentes de percevoir les motivations de ceux qui voudraient prendre la place de dieux de la morts sans la moindre justification à cette position qu'ils se donnent eux même.
quelle est ta plus grande peur et ta plus grande faiblesse ? Tu prends sans doute les choses trop peu à coeur Charlie. De façon un peu trop pessimiste ou bien trop fataliste. Tu en oublies souvent toute la beauté que la vie peut cacher. Tu as du mal à créer des attaches avec les gens, du mal à comprendre les autres. Tu manques d'empathie, de compassion, de bienveillance. Tu es trop froide, trop seule, et on sait tous que la solitude créé la vulnérabilité.
quel est ton plus grand regret ? Ton plus grand regret c'est peut-être celui de mener le chemin que tu mènes dans cette vie. D'oublier de donner du sens à ton existence, de te laisser porter. Ton manque d'ambition ? Ton manque de projets pour ton avenir. Tu te perds encore à chercher , ou bien tu ne cherches tout simplement pas, ce que tu voudrais faire de toi. Ton plus grand regret, c'est de ne pas te soucier des perspectives, de foncer, tête baissée en essayant de ne rien regretter justement. Il y a-t-il un mur au bout du chemin ?

tell me something
1- Ma vie, je crois qu'elle commençait pas trop mal. Elle était pas idyllique, elle était pas parfaite mais elle aurait pu tourner bien je crois. Enfin. Mes parents étaient pas équilibrés pour un sous, mon père avait des soucis avec le jeu et il accumulait les dettes de partout et ma mère prenait un peu trop d'antidépresseurs mais ils ont jamais été trop horribles comme parents. Pas d'histoire de violence , d'inceste ou autre trucs à leur actif. Et franchement, juste pour ça , ils étaient pas trop mal. On vivait dans un appartement pourri, on avait pas plus de 18 degrés l'hiver en température mais c'était pas la pire vie. J'avais des jouets, des parents sympas et trois repas par jours. Et même si objectivement, mes parents étaient pas fait pour avoir un gosse, ils se sont pas trop mal démerdé pour me maintenir en vie.
2- Ma vie, elle a vraiment changé quand j'avais douze ans. Je parlais des dettes de mon père, et bien sur , ça l'a jamais ralenti sur le jeu. Il disait toujours qu'il était dans une mauvaise passe et qu'il allait se refaire. spoiler, il s'est jamais refait. La mauvaise passe est jamais passée, et à la fin, peu importe le jeu ou la somme que tu gagnes, c'est toujours la maison qui gagne. C'est la règle de base de tous les jeux d'argent. Tu gagneras jamais plus que ce qu'ils gagnent eux. Mon père, il était pas un mauvais gars, il avait un taff minable dans une usine , il aimait un peu trop la bière et beaucoup trop les paris mais il était cool comme père. Il prenait le temps de regarder ma mère avec amour encore. Il prenait le temps de me prendre sur ses genoux devant le foot. Son seul souci c'était l'argent et les mauvaises personnes à qui il demandait de l'argent. C'est comme ça que trois types ont fini par débarquer chez nous un soir. Deux molosses et leur maître qui nous a fait asseoir tous les trois dans le canapé en réclamant l'argent à mon père. Le putain de fric qu'il avait pas.
3 - Ma mère s'est fait couper la carotide, le type à fait ça comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Comme s'il dégageait une poussière de son épaule. Je me suis demandé comment il pouvait faire ça sans sourciller alors qu'il avait les mains pleines de sangs, ma mère qui s'étouffait sur le sol et lui un air si serein. Puis, je me suis dis que ça devait être l'habitude. L'habitude de faire ça, de débarquer chez les gens pour couper des putains de gorges, pour menacer des familles avec des couteaux que même des bouchers oseraient pas utiliser. Des artisans de la mort. J'ai même pas hurlé, j'ai même pas pleuré, j'ai même pas réagit. J'ai regardé ma mère lâcher un dernier râle et je suis restée stoïque. Je ne sais toujours pas pourquoi, je crois que la pauvreté de sa vie jusque là méritais pas vraiment que je m'attarde dessus. Ou peut-être que dans le fond, les visites au milieu de la nuit les derniers mois m'avaient préparés à ça. Mon père s'est mit à pleurer, comme une fontaine, il s'est mit à pleurer et à supplier qu'on l'épargne. Et je crois, que là, il a perdu dans mon estimes. Quand il m'a proposé comme monnaie. Comme un poignard planté dans le dos de sa propre fille. Pas lui, moi, surtout pas lui. Mon père était pas un mauvais type, je pense , juste un lâche. L'autre gars en face, devait pas aimer les lâches car il a rejoint ma mère rapidement sur le sol en train de se vider de son sang par le ventre cette fois. L'autre type devait préférer cette méthode.
4- "Je ne tue pas les enfants" il a soufflé en repartant, en me laissant là. Planté sur notre canap miteux avec les deux corps sans vie de mes parents. J'étais censé faire quoi moi ? J'étais censé faire quoi à douze piges , le corp de mes parents sur le tapis et ce type bizarre qui venait de rentrer chez nous, tuer deux personnes sans rien dire et qui étais en train de repartir comme si de rien n'était. J'allais pas l'arrêter. "Des gens viendront nettoyer petite." Merci. Rassurant. Il a déposé une liasse sur le bar de la cuisine en reniflant un peu fort. Il a posé ses billets là, sans me jeter un regard et il a juste passé la porte en me disant qu'aujourd'hui, j'apprenais la première leçon du reste de ma vie. La loi du plus fort.
5-Me demandez pas pourquoi je suis restée avec ce type, avec Don alors qu'il venait de condamner à mort mes deux géniteurs sans le moindre remords. Peut-être qu'à cette époque là, j'avais encore peur de lui. Je l'ai suivi, en comprenant très bien le message. Venir, ou rester avec lui dans cet appartement, rester là et attendre quoi ? Personne ne vient pour les gens comme mes parents. Dans quel camp je voulais me ranger ? Les plus forts, les plus faibles ? Les bons ? Les méchants ? Quel importance, quand on vit, quand on ne fini pas comme mes vieux, baignant dans son propre sang sur un tapis infesté de mites. Alors j'ai suivit Don, dans une nouvelle vie. Mon père n'avait pas tort, je repartais avec lui, mais cette décision n'avait pas épargné sa vie à lui.
6- Il m'a tout appris , il m'a appris la vie, pas celle du bon côté. Pas celle des gens glorieux mais je n'ai encore une fois, manqué de rien. J'avais tout, à raison de le mériter, à condition de m'en montrer digne. Deuxième leçon sur la vie, la loyauté. Je ne suis pas sure d'avoir respecté celle là, je ne suis pas sure d'avoir été à la hauteur de celle là. Le souci avec Don, c'est sa possessivité, c'est le besoin qu'il a toujours eut de ce foutu contrôle sur moi. J'étais une sorte de création, sans doute sa plus belle création à ses yeux. Intelligente, prudente, assez audacieuse pour me laissé foncer dans ses meilleurs coups. Visage d'ange, attitude de diable. Malice dans le regard, j'étais son beau trophée. La gosse a qui il avait tout offert, la gosse qui aurait du lui offrir le monde comme reconnaissance. Etre sa chose, son objet, sa jolie poupée.
7- Il y a ses mains qui se perdent sur ma peau, son souffle qui dresse mon épiderme. Il y a ses murmures au creux de mon cou et ce grognement qui remonte dans sa gorge quand il passe la pulpe de ses doigts sur ma peau. Il y a le frisson qui me parcoure, pas de plaisir. Juste du dégoût quand il prend possession de ce qu'il pense lui être dut de cette façon là. Non. Je ne suis pas à lui, plus à lui. Je ne supporte plus, d'être l'objet entre ses bras, d'être un territoire conquis quand il pose ses mains sur ma peau comme ça. Quand ses lippes prennent possession de ma peau comme si ça lui était réservé, comme si j'étais à lui. Je ne suis pas un objet , malgré tout ce qu'il pense, je ne suis pas sa propriété , malgré tout ce qu'il dit.
Je me souviens de ce jour, un autre jour, une autre fois où il se glisse dans mon lit sans rien dire. Où ses mains retrouvent le chemin qu'elles connaissent par coeur. Avec Don, c'est pas de l'amour, juste de la domination, juste de la peur et de l'abnégation , sauf que moi je veux vivre, je ne veux pas être esclave toute ma vie. Ce soir, ça se termine. Ce soir, c'est fini. Je prend la lame planqué sous mon oreiller, je l'attrape et sans réfléchir je l'enfonce dans le morceau de chaire le plus proche que je parviens à atteindre. Il hurle, il hurle quand je la ressort pour le planter une autre fois. Pour être sure. Il hurle plus fort en m'insultant et moi, je fuis, je cours, aussi loin que possible. Loin de lui, loin de l'esclavage, loin de tout ça. Je cours, profiter du reste de ma vie. J'ai perdu 6 ans de ma vie avec Don.
8- Je ne sais pas si Don est mort, je ne sais pas si Don me cherche, je ne sais pas s'il y a des mecs à lui qui me suivent, si je vais me retrouver sur le canapé de mon nouvel appartement à me faire découper en morceau. Non, je sais qu'il me réserverai pire pour avoir manqué de loyauté. Alors je dois vivre, vivre au maximum avant qu'il me retrouve, vivre sans regrets. J'ai pas le temps de m'apitoyer, pas le temps d'avoir peur de la mort, alors je vis, aussi fort que possible. Aussi fort que si c'était mon dernier jour, je vis, sans regarder derrière moi, sans regarder dans le retro la mort qui me court après; sans voir les conséquences qui veulent se heurter contre ma porte.
9-J'aime le danger, j'aime la sensation de l'adrénaline dans mes veines, j'aime sentir mon souffle qui s'amenuise dans des courses folles, j'aime sentir mes muscles qui brûlent sous l'effort de la course. J'aime, l'adrénaline des ennuis, le vacarme de la poursuite, la peur des ennuis qui vous dévore. J'aime ça, comme une foutue drogue dont j'ai besoin de plus en plus, toujours à plus forte dose. J'ai besoin, d'être bercée par le chaos. Je crois que c'est une vocation, un talent né, celui de m'enfoncer un peu plus dans les ennuis, celui de pénétrer un peu plus loin à chaque fois dans la tanière du diable. J'entrevois sa tentation au fond du tunnel.
10- C'est drôle car avant tout ça, la psychologue scolaire avait diagnostiqué mon manque d'attention et d'interet pour les études comme en réalité l'expression d'un haut potentiel. Je suis le genre de gamine prodige qui aurait pu apprendre à jouer du piano, de ces gosses qui réfléchissent trop vite et qui aurait du finir dans une fac brillante. ça me ferai rire qu'elle sache ce que je suis devenue après toutes ces années. ça me ferai rire qu'elle voit à quoi me sert mon intelligence et ma vivacité d'esprit aujourd'hui. Construire des magouilles, des plans foireux, des plans tordus pour plonger un peu plus du côté des ombres.
11-Je consomme un peu trop de cigarette, un peu trop de drogues diverses aussi, un peu trop de substances pour me faire planer au dessus du monde. J'aime bien, la sensation d'élévation dans mon corps quand je consomme, la sensation de la nicotine qui s'infiltre dans mes poumons. J'aime, le bruit de la cigarette qui se consume , la sensation de mon corps qui s'alourdit par la drogue. J'ai un peu trop d'addictions pour cette vie. Un petit peu trop de travers : la cigarette , les drogues diverses , qui m'ont sans doute un peu trop grillé le cerveau aussi. M'ont rendu un peu moins lucide, peut-être même qu'ils ont bousillés mon haut potentiel.
12- Vrac Capable d'ouvrir à peu près n'importe quelle porte avec n'importe quoi ; toujours un cutter et un paquet de cigarette au fond des poches ; le coeur qui fond uniquement pour les chats ; a une fascination étrange pour la mort et pour le sang ; ne prends jamais de pincettes quand elle parle ; est un peu trop spontanée, parfois blessante dans ses propos ; kleptomane ; passionnée par les films d'horreurs ; aime les manèges à sensation ; allergique a la banane ; aime aller courir le matin ; perds tout le temps son portable ; répond rarement aux appels ; ne fais pas la grasse matinée ; porte la même veste depuis des années et ne s'en sépare jamais ; se balade tout le temps avec un écouteur dans l'oreille.