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Tu as les jambes qui flanche un peu quand tu passes la porte du bar, le vent glacé qui te pique le visage. Le contraste de chaleur te fait frissonner et tu ressers un peu plus les pans de ta veste autour de ton buste. L'air frais pique tes joues alors que tu sors , la cigarette à la main dans la calme de la nuit. Cette dernière est déjà bien avancée quand tu commences à déambuler dans les rues sous les lampadaires qui guettent ton ivresse. Ta tête tourne doucement, se libérant des effets des cachets que tu as avalé toute la soirée. Le sol tangue un peu sous tes talons et tu ralentis un peu le pas pour ne pas t'étaler sur le béton. Il fait froid, très froid et tu ne sais plus trop dans quelle direction tu devrais te rendre comme le dilemme de toutes tes soirée. Rejoindre une boite de nuit dans le quartier ou rentrer sagement chez toi. Mais comme toujours, c'est l'insomnie qui te guette Pia si tu rentres chez toi. Alors, comme toutes les nuits, tu la passeras à déambuler, à aller chercher un peu de chaleur dans l'une des boites de nuit de la ville.

Tu as toujours aimé marcher, peu importe ton état , tu as toujours préféré te balader dans les rues, même au milieu de nul par, même au milieu de la nuit. Tu préfères toujours ça. Tu aimes être spectatrice du monde nocturne qui se joue devant toi. Tu es bien là, entre les immeubles, tes pas qui frappent le pavé dans une mélodie régulière alors que de ta démarche peu assurée tu cherches une destination. La cigarette toujours éteinte dans la main sur décide de finalement t'arrêter sur un banc pour chercher un endroit où finir ta nuit. Une fête, une boite de nuit où l'un de tes amis aurait fait escale. Tu cherches dans tes poches ton briquet pour allumer le petit tube calé entre tes lèvres mais elles sont vides. Tu as du oublier ton briquet sur le bord du bar, ou tradition veille comme le monde, quelqu'un te l'a volé. Mis dans le fond de sa poche bien au chaud.

Tu as l'air bête, là, assise sur ton banc ta cigarette neuve qui attends sa flamme et ta veste qui ne protège pas grand chose de ta peau. Tant pis, tu trouveras quelqu'un sur ta route, tu n'en doute pas. Tu reprends ton chemin, cigarette en main, veste posée de façon dérisoire sur tes épaules quand ton pied loupe le trottoir. Ce n'est pas ta cheville qui se brise -heureusement- mais bien le talon de ta chaussure. Il se casse dans un craquement singulier et tu ne peux pas t'empêcher de jurer entre tes dents. Quelle soirée pourrie. Décidément.  Tu serais la proie parfaite d'un serial killer, tu as l'air ridicule. Ta jambes gauche plus longue de dix centimètre. Il ne manquerai plus que la pluie se mette à tomber sur ta tête.

Te voilà, clopinant vers un banc déjà occupé, ta cigarette callée entre tes lèvres, ton talon dans la main. Tu avances, la démarche encore plus mal ajustée avant de te laisser tomber à côté de l'inconnu en soupirant. "-Excusez moi... vous auriez du feu s'il vous plait ?" Tu demandes doucement, espérant que la réponse soit positive. "-Et est-ce que vous êtes cordonnier par hasard ?" tu laisses échapper , un petit rire qui se perds dans la nuit.