«Ça va aller ma chérie» assura-t-Il à sa femme avant de se lever pour déposer un baiser sur son front.
Ils discutaient depuis si longtemps que la pièce était presque entièrement plongée dans l'obscurité. Seule la lueur émise par le feu mourant rappelait qu'il y avait encore de la vie dans la maison.
Monsieur Jung remua le plus silencieusement possible les braises et déposa une bûche dans le feu pour ne pas que sa famille ait froid cette nuit là.
Il fit quelques pas pour aller entrouvrir tout doucement la porte de la chambre où dormait leur fils d'à peine cinq ans. Celui-ci dormait paisiblement sans avoir aucune idée de ce qui se tramait. Il avait l'innocence d'un enfant.
Le père de famille referma la porte en douceur et d'un seul coup d'œil vérifia que le bébé qui dormait dans la chambre qu'il partageait avec sa femme était toujours endormi.
Il eut une expression à la fois attendrie et attristée. Dire qu'il ne verrait jamais grandir Jiwon. Ça lui brisait le coeur.
Il revint auprès de sa femme et enveloppa sa main fine entre ses grosses paluches.
«Ça va aller» répéta t'il à son chevet, comme pour se convaincre lui-même. «Tu es une mère exceptionnelle Sohee. Tu peux le faire. Tu vas le faire.»
La dénommée Sohee lui retourna un regard où tourbillonnaient un bon millier de sentiments convergents.
Ça n'était pas tant la peur de mal faire qui l'effrayait mais comment pouvait elle imaginer l'avenir sans son mari ?
Ils avaient toujours tout fait ensemble, en se concertant. Elle ne pouvait envisager que d'ici peu de temps elle se retrouverait seule.
Même cette décision de quitter leur Corée natale pour se rendre dans ce pays si froid pour le travail de son mari ils l'avaient prise ensemble.
Malgré le fait qu'ils aient à tout quitter. Malgré le fait qu'ils aient un garçon en bas âge et un bébé d'à peine quelques mois. Malgré le fait qu'elle ne parlait quasiment pas anglais contrairement à son mari.
Elle ne savait pas comment il pouvait lui assurer aussi calmement qu'elle allait s'en sortir.
Cette maladie, ce cancer elle aurait donné absolument tout pour que son mari n'en soit pas affecté.
Soudainement bébé Jiwon couina dans son berceau comme pour la tirer de sa torpeur.
Non rien ne serait simple mais elle ne pouvait pas se laisser abattre.
Elle serait forte, au moins pour assurer une vie agréable à ses enfants qu'elle aimait tant.
La jeune mère se leva pour aller consoler son bébé en se jurant intérieurement qu'elle ne laisserait jamais qui que ce soit leur faire du mal.



Moins d'un an plus tard Sohee se tenait au dessus du trou où avait été placé le cercueil de son défunt mari.
Sur son visage se mêlaient les eaux.
Elle ne savait plus ce qui coulait incessamment sur ses joues. S'il n'y avait que la pluie cinglante ou si ses défenses mentales avaient fini par craquer et qu'elle ne s'arrêtait plus de pleurer.
Ça n'avait plus aucune importance désormais que son monde s'était écroulé.
Une partie de son monde.
Dans sa main gauche elle serrait celle d'un petit garçon de six ans qui gardait le front baissé. Dans la droite elle tenait comme un trésor la toute petite paume d'une petite fille à peine âgée d'un an.
Ils étaient tout ce qui lui restait désormais.
Les meilleurs cadeaux qu'Il ne lui ait jamais offert.
La jeune veuve était magnifique dans sa robe noire comme si elle voulait concurrencer La Mort elle-même.
Mais cela non plus ça n'avait aucune importance.
Amis, collègues, voisins, connaissances de l'Eglise où ils avaient l'habitude d'aller, tous venaient tour à tour présenter leurs condoléances à la jeune maman mais elle n'écoutait que distraitement.
Elle avait l'impression d'avoir un trou béant et sanguinolant dans la poitrine là où se trouvait auparavant un cœur battant d'amour pour un homme que la vie lui avait arraché.
Vainement Sohee avait essayé de se préparer mais il y avait un gouffre énorme entre s'imaginer veuve et le vivre.
Elle avait perdu son âme sœur, son meilleur ami, le seul homme qu'elle ait jamais aimé, celui qui la comprenait et savait la combler.
Plus rien ne serait comme avant.
Alors qu'elle était perdue dans un tourbillon d'émotions une légère pression dans sa main droite la fit revenir sur Terre.
Comme si elle comprenait la petite Jiwon serrait la main de sa maman. Elle la regardait de ses grands yeux lumineux.
Bien évidemment elle n'était pas en mesure de comprendre la situation mais sa présence redonnait de la force à sa mère.
Pour elle, pour son fils, Sohee se devait d'être forte. Elle serait une mère aimante et attentionnée.
Aujourd'hui elle avait le droit de craquer, demain elle serait un refuge pour ses enfants.



Quelques années plus tard une petite fille fêtait son sixième anniversaire entourée de toutes ses copines.
Pour l'occasion la mère de Jiwon -qui se faisait désormais appeler par son prénom anglophone Katarina- lui avait préparé une journée spéciale remplie de jeux et de sucreries. Tout pour plaire à une jeune fille de son âge.
La reine de la journée s'était amusée comme une petite folle, seul manquait son frère à ses côtés.
Mais même s'ils étaient encore très proches celui-ci grandissait et à onze ans il préférait être dehors à jouer avec ses copains plutôt qu'être coincé au milieu d'une assemblée de gamines aux cris stridents et aux intérêts bien loin des siens.
Katarina ne lui en voulait pas de s'être éclipsé, ils se verraient plus tard.
Pour le moment elle jouait avec la dernière de ses copines encore présente pendant que sa mère discutait avec un homme.
Il était venu chercher sa copine comme de nombreux parents avant lui mais n'était pas le père de la gamine. Il n'était que son oncle même si cela passait au dessus de la pauvre Katarina. C'était des considérations d'adultes.
«Tiens Monsieur» fit elle, interrompant la discussion que sa mère avait avec cet homme, en tendant à l'inconnu une fleur qu'elles avaient cueilli dans le jardin.
Katarina et sa copine s'étaient approchées discrètement comme un ultime jeu.
«Maman adore les fleurs, tu pourrais lui offrir !»
Les adultes étaient gênés et n'osaient plus se regarder, tels deux adolescents pris en train de flirter.
Il était vrai que même si elle n'y comprenait pas grand chose la jeune fille n'avait jamais sa mère agir de la sorte à discuter avec entrain avec un homme et rire à chacune de ses paroles. Il se tramait quelque chose.
«Katarina !» gronda soudainement sa mère avec indignation.
Elle venait de se rendre compte que les deux jeunes filles avaient arraché les jolies fleurs de son jardin qu'elle avait un mal fou à entretenir. Il n'était pas facile de faire pousser quoi que ce soit dans la glaciale Calgary où elles résidaient.
La suite avait été beaucoup moins plaisante pour Katarina et sa copine. Elles avaient subi un sermon bien senti en terminant par la promesse de ne plus arracher de fleurs et d'aider la maman de Kata à replanter ses précieuses amies.
Ce que la jeune Katarina ignorait c'est que cet homme si charmant avait appliqué son conseil toutes les autres fois où il avait revu Sohee, lui offrant des fleurs à chaque rendez-vous, signe de son affection.
La jeune fille n'avait pas conscience qu'il deviendrait son futur beau-père.
Un beau-père attentionné qui l'élèverait comme sa propre fille.
Un beau-père aimant qui saurait rendre sa maman heureuse à nouveau.



La jeune Katarina alors âgée de douze ans vint prendre doucement la main de sa mère entre les siennes pour la rassurer.
«Ça va aller Maman, ils vont le retrouver» affirma elle d'une voix beaucoup moins sûre qu'elle ne l'aurait voulu.
Sohee venait tout juste de laisser partir les policiers qui étaient venus lui donner des nouvelles. Ou plutôt une absence de nouvelles.
Toujours pas de traces de son fils. Deux jours qu'il avait disparu. Comme toute mère elle se faisait un sang d'encre.
Katarina ne reconnaissait plus vraiment le grand frère aimant et attentionné qu'il avait été.
Malgré leurs cinq ans de différence il avait toujours su prendre du temps pour elle lorsqu'ils étaient jeunes.
Mais depuis quelques mois, quelques années même, il n'avait fait que s'éloigner, la délaisser et changer.
Il n'avait plus toutes ses petites attentions pour sa petite sœur. Il s'isolait de plus en plus. Se séparait de sa famille.
Jusqu'à disparaitre.
Le lendemain il était revenu comme une fleur, prétextant qu'il était simplement sorti prendre l'air et qu'il fallait lui lâcher la grappe.
S'en était suivi une très longue dispute opposant son frère aux velléités de libertés à Sohee sa mère et Rémi son beau-père.
Katarina avait très vite fuit dès que le ton était monté mais même à travers la porte fermée de sa chambre, même à travers la musique qui crachait dans les écouteurs enfoncés dans ses oreilles, elle entendait des éclats de voix et des mots qui revenaient sans cesse.
Personne dans la maisonnée n'ignorait que le jeune homme n'avait jamais accepté que sa mère se remarie.
Il avait toujours rejeté celui qui ne souhaitait qu'être une figure paternelle.
Il lui avait très souvent craché au visage des mots très durs et blessants et ce qui pouvait passer pour des caprices d'adolescent blessé d'avoir perdu son père était désormais des offenses répétées par un jeune homme pas tout à fait adulte.
Katarina qui adorait son beau-père était très peinée que son frère agisse de la sorte et elle savait que sa mère en souffrait aussi en silence.
Après la dispute et le déluge de feu avait suivi une guerre froide de plusieurs mois où son frère en échec scolaire passait le plus clair de son temps à l'extérieur de la maison et les rares moments où il se montrait il ne parlait quasiment pas aux occupants de la maisonnée.
Et puis un beau jour, un jour où Katarina avait senti son sang se glacer -ce qui n'avait rien à voir avec la température extérieure qui descendait dans les négatifs- il était apparu dans la cuisine où déjeunaient Katarina, sa mère et son beau-père.
Tous trois étaient surpris de le voir et encore plus à une heure aussi peu avancée de la journée.
Mais Katarina n'ignorait pas quel jour c'était. Une petite flamme d'espoir s'était allumée en elle, très très vite éteinte par le discours d'adieux de son frère.
«Je me casse d'ici. Maman essaie de pas trop pleurer ça fait pas bon genre. Jiwon prends soin de toi, deviens quelqu'un de bien. Et toi... j't'emmerde.» lâcha il d'un ton cinglant à l'attention de son beau-père en lui montrant son majeur.
Et il était parti en claquant la porte derrière lui, sans rien emporter d'autre que sa fierté mal placée.
Tous étaient à la fois abasourdis, choqués et consternés par la scène qui venait de se jouer.
Ils ne le revirent pas avant très longtemps, plusieurs années.
Et pendant tout ce temps chacun eu le temps de ronger son frein, de penser à sa part de responsabilité dans cet échec collectif.
Katarina elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'en tant que petite sœur elle aurait dû voir venir le départ de son grand frère.
Qu'il choisisse le jour de son dix-huitième anniversaire, de sa majorité, pour pouvoir prendre sa liberté n'avait rien de surprenant dans le fond.
Elle avait juste été aveugle et elle en souffrait silencieusement.



Katarina avait pris une pause bien méritée dans ses études.
Désormais âgée de dix-neuf ans la jeune femme s'était chargée de décorer la maison aux couleurs de la fête.
Depuis toute petite elle aimait particulièrement cette période entourant Noël. Ce que ça représentait, l'introspection qu'elle pouvait effectuer, les moments passés avec ses proches.
Elle venait à peine de terminer de mettre la table pour trois lorsqu'elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer puis des pas lourds monter les escaliers quatre à quatre.
D'instinct elle se tourna vers la cuisine où sa mère et son beau-père élaboraient le repas.
Elle était désemparée.
Est-ce que quelqu'un venait sérieusement de s'introduire chez eux ?
Mais Katarina et ses parents avaient à peine eu le temps de se réunir au salon en s'interrogeant que les pas retentirent à nouveau dans l'escalier et une silhouette apparut subrepticement.
La jeune femme mit quelques secondes à le reconnaitre. Il avait changé. Prit quelques années. Arborait une barbe abrupte.
«Et Joyeux Noël les cons !» lâcha son frère de manière cynique en leur montrant ses deux majeurs.
Finalement il n'avait absolument pas changé.
Il agissait exactement comme sept ans auparavant, avec égoïsme et désinvolture. Affichant une mise au défi arrogante qui tenait plus de l'irrespect qu'autre chose.
Mais cette fois Katarina ne resterait pas figée.
Il venait à peine de claquer la porte qu'elle se lançait à sa poursuite.
Dehors le froid glacial de décembre la saisit. Elle n'était pas vêtue pour sortir par ce temps.
«Attend !» ordonna elle alors que son frère s'approchait déjà d'un pick-up garé dans la rue, il n'avait même pas prit la peine de couper le moteur. Il n'avait aucune intention de rester ni de s'expliquer.
Katarina fulminait.
«J'ai un cadeau pour toi gamine» répondit il d'un ton exagérément tranquille.
Son calme apparent faisait encore plus bouillir le sang de la petite coréenne d'origine.
«Je me fous de tes cadeaux ! Tu as disparu sept ans !» hurla elle.
Son frère l'ignora. Il était occupé à descendre quelque chose de l'arrière de son véhicule.
Katarina fronça les sourcils quand il lui mit sous le nez une grosse moto japonaise noire et vert pomme.
«Arrête de gueuler p'tite conne. C'pour toi.»
«Mais qu'est ce que tu veux que je fasse d'une moto ?! Je sais même pas monter !» répondit Jiwon hystérique. Voir le flegme de son frère la faisait enrager.
Son ainé eut un rictus et la railla.
«Ben tu vas apprendre. C'est comme chevaucher un mec. Jolie comme t'es t'as dû en monter plein !»
Les joues de Katarina prirent une teinte écarlate. Elle était tout à la fois furieuse et honteuse.
Comment osait il parler à sa propre petite sœur de cette façon. Insinuer qu'elle pouvait faire de telles choses, qu'elle n'était qu'une trainée.
Mais elle ne devait pas se laisser embarquer par les provocations de son frère. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'elle ne gagnerait pas à ce petit jeu.
«Et t'es revenu juste pour ça ? Te foutre de moi et me donner une moto qui me servira à rien ?» questionna elle d'un ton suspicieux.
«Nan. J'avais un truc à récupérer dans cette foutue chambre.»
«Quoi ? Pourquoi ?» demanda elle immédiatement.
«Ça te regarde pas. Lâche moi.» lâcha il d'un ton cassant.
Rien n'avait changé. Tout était comme avant. La discussion était au point mort, impossible de dialoguer avec lui.
Mais à sa grande surprise son frère lui tendit une petite carte cartonnée composée d'un unique symbole.
«Mais si ça t'intéresse renseigne toi. Cherche. Retrouve moi.»
Il lui fourra la carte et la clé de la moto dans les mains et s'éloigna déjà pour retourner dans son pick-up.
«Attend ! C'est quoi cette carte ?»
Son frère poussa un soupir las et empli de mépris.
«Tu m'fatigue merdeuse. Apprends à te débrouiller. Libère toi de tes chaines. Apprends à vivre vraiment.»
Et sur ces mots il monta dans son véhicule et disparu comme il était arrivé, laissant sa petite sœur avec un torrent d'incompréhension et de questions.
Katarina était seule au milieu de la rue. Elle frissonna. Soudainement le vent glacial venait à nouveau mordre la moindre parcelle de sa peau qui était exposée.
Elle alla bien vite se réfugier à la chaleur douillette de la maison, abandonnant devant le domicile la moto qui ne lui servait à rien.
Pour la première fois depuis sept ans elle avait la certitude que son frère était en vie et elle avait un semblant de piste.



Katarina resserra sa prise sur la lame de son couteau et l'appuya un peu plus fort sur la gorge du pauvre type qu'elle maintenait contre le mur.
Elle n'avait qu'à appliquer un tout petit peu plus de pression pour le faire saigner. Lui ouvrir la gorge. Lui ôter la vie.
«Mon frère, enfoiré ! Fais pas celui qui comprend pas !» gronda elle d'un ton menaçant.
«Je le connais pas ! Pitié !» couina piteusement le type.
«Me prends pas pour une conne Johny! Il passait tout son temps ici il y a quelques années !»
Katarina avait beau ne pas dépasser le mètre soixante, avec son arme et son air déterminé elle aurait pu convaincre n'importe qui de livrer ses secrets.
Mais avec lui elle n'arrivait à rien. Elle n'en tirerait rien elle le sentait bien.
Et ça la faisait enrager car elle ne comprenait pas pourquoi il refusait de lui dire tout ce qu'il savait sur son frère.
Pourtant elle lisait la peur dans ses yeux.
Soudainement l'évidence la frappa avec la force d'un cheval au galop.
Le mec n'avait pas peur d'elle, il avait peur de lui. De son frère.
Elle ne savait pas ce qui lui avait dit, elle ne savait pas comment il l'avait menacé mais une chose était sûr il préférait avoir le couteau sous la gorge que de révéler ce qu'il savait.
Son frère avait bien fait les choses. Il n'avait laissé aucunes failles, aucuns indices sur la route.
Katarina galérait depuis des mois à explorer tous les pires recoins de la ville à la recherche de la moindre trace de son frère.
Mais elle en était convaincue désormais. Elle devrait s'aventurer plus loin. Quitter les frontières de ce qu'elle connaissait. Possiblement laisser derrière elle tout ce qu'elle aimait, ce qu'elle avait de plus cher.
Mais c'était un faible prix à payer pour ramener son frère.
Elle relâcha lentement la pression et libéra le type qui s'écroula au sol de terreur en se massant la gorge.
Elle ne fit pas l'erreur de ranger sa lame. Elle savait pertinemment que sur le plan physique elle ne gagnait pas contre grand monde alors elle avait appris à se défendre par d'autres moyens.
«Si tu parles à qui que ce soit, si tu préviens la police, je te jure que je te plante. Cette fois j'aurais aucune pitié ! C'est compris ?!»
Le misérable hocha vivement la tête pour signifier qu'il tiendrait sa langue et qu'il n'avait pas envie de mourir maintenant.
«Casse toi» ordonna Jiwon d'un ton sans équivoque.
Le type détalla d'abord à quatre pattes puis se remit sur ses jambes pour s'enfuir loin de cette ruelle maudite.
Katarina la quitta à son tour et grimpa sur sa moto pour s'éloigner au plus vite du théâtre de l'agression qu'elle venait de commettre de sa main.
Parfois ses propres méthodes la dégoutaient et elle avait envie de rentrer chez sa mère se réfugier dans son lit d'adolescente et pleurer en boule.
Elle doutait du bien fondé de sa mission.
Mais les doutes étaient vite balayés.
Elle avait bien essayé d'être gentille. Elle avait bien essayé de retrouver son frère légalement. Mais elle n'avait jamais avancé.
Il n'y avait que lorsqu'elle avait décidé de sortir les crocs qu'elle avait eu l'impression d'avancer.
Et désormais une direction claire semblait s'imposer dans son esprit.
Elle devait simplement étendre son territoire, chercher plus loin, sans relâche.
Il y avait bien longtemps que son frère avait quitté Calgary, peut être même le Canada. C'était normal si la piste ici s'était refroidie.
Mais en s'éloignant elle trouverait de nouvelles pistes, de nouvelles personnes à interroger.
Elle possédait toujours cette fameuse carte dont elle avait tant observé le symbole qu'il semblait gravé dans son esprit.
Elle était prête à tout pour retrouver son frère, où que la mène sa moto.