Tony se perd dans ces draps soudain trop froids, ces draps ou seulement quelques heures plus tôt elle était enlacée avec un homme. Charles. Cet homme qu’elle a commencé à fréquenter, ou plutôt avec qui elle a commencer à coucher il y a maintenant quelques semaines et vers qui elle semble toujours retrouver le chemin. Cet homme qui le temps de quelques heures la fait sentir vivante, la fait se sentir comme si elle était la chose la plus importante et la plus belle au monde. Bien sûr, elle sait que c’est faux, elle sait qu’elle se sent comme cela simplement parce qu’il sait y faire. Mais elle se perd avec lui, elle oublie tout le reste, elle oublie tout ce qu’il se passe autour et pendant quelque temps cela lui fait du bien. Certains voient sûrement ce comportement comme destructeur, quelque chose bien loin d’être sain, et ils ont sans doute raison mais Tony ne peut pas s’en empêcher. Il y a quelque chose chez Charles, quelque chose dans la manière dont il est avec elle qui la fait revenir encore et encore, tout comme lui revient également vers elle. Ils s’attirent, se font du bien, se découvre et se font du mal ensemble. Parce que si il y a bien une chose que Tony a remarquée chez l’homme qui partage ses draps, c’est qu’il n’a pas la vie facile, qu’il vient auprès d’elle clairement pour oublier des choses aussi.

Tony se passe la main sur le visage, et démarre la machine de linge ou elle vient de lancer les draps pour enlever les traces des ébats de la nuit précédente. Elle se fraye ensuite un chemin vers sa petite cuisine et se fait couler un long café nécessaire. Elle ne travaille pas aujourd’hui et elle a bien prévu de ne faire absolument rien à part rester dans son canapé devant des films plus idiots les uns que les autres. Lorsqu’elle entend frapper à la porte, Tony va ouvrir pour tomber face à son petit frère. Un sourire s’affiche sur ses lèvres. Si il y a bien un truc qui compte plus que tout dans la vie de la métisse, c’est bien sa famille d’adoption. « Tony. » Dit-il simplement avant de venir la serrer dans ses bras. « Hey boo. » Répond-elle en enroulant ses bras autour du corps de son frère avant de déposer un baiser sur sa joue. Elle le laisse entrer et referme la porte derrière lui. « Tu me promets que j’dérange pas ? » Elle lui adresse un sourire tendre. « Promis juré. » Dit-elle simplement. « Tu veux un café? » Demande-t-elle à son frère alors qu’elle prend une gorgée de sa tasse.

Elle remarque cependant bien rapidement que quelque chose semble préoccuper Elias. Elle le connaît assez pour savoir cela alors elle finit par se laisser tomber dans le canapé à côté de lui. « Qu’est ce qui ne va pas ‘Lias ? »

En famille Tony est un peu différente, un peu plus forte que ce qu’elle laisse toujours paraître en temps normal. Elle est aussi le genre de sœur protectrice, celle qui s’inquiète pour les autres, qui prend soin de ses frères et sœurs et qui fait toujours tout pour qu’ils aillent bien. A y penser, elle prend même sûrement plus soin d’eux que d’elle-même. Elle ne supporte pas de savoir qu’ils vont mal, ou que quelque chose se passe dans leur vie qu’elle ne peut pas contrôler. Alors quand son frère débarque, elle remarque bien que quelque chose cloche, que quelque chose le préoccupe et elle a bien l’intention de creuser pour savoir ce qu’il se passe. Mais en attendant elle lui propose du café. « Oui, j’veux bien du café s’il te plaît. Tiens… » Elle hoche la tête et se dirige vers la cuisine pour faire café tout en demandant à Elias ce qu’il ne va pas. « hum ? j’voulais passer un peu d’temps avec ma soeur. » Tony pose son regard sur lui, pas du tout convaincu de la réponse de son frère. « Hmm hmm, tu es un mauvais menteur tu sais. » Répond-elle simplement. Mais elle ne le forcera pas à lui dire ce qui ne va pas Elias, parce qu’elle sait que quand il aura besoin de lui en parler, il finira par le faire.

« alors, c’café ? » Elle verse le café dans une tasse. « Eh, eh, deux secondes monsieur impatient. » Lui dit-elle un sourire sur le visage et en levant légèrement les yeux au ciel d’un air taquin. Elle lui tend alors la tasse. « Tu sais où sont le sucre et le lait si t’as besoin. » Elle vient se laisser tomber dans le canapé de son petit appartement alors qu’Elias lance un changement de sujet comme il sait si bien le faire. « et toi, ça va ? tu travailles pas aujourd'hui ? » « Ca va oui, et non je suis off. Je comptais ne faire absolument rien de ma journée à vrai dire. » Avoue-t-elle avec un sourire. « Mais change pas de sujet. Tu sais que si t’as besoin je suis là hein? »

Tony connaît sa famille, elle connaît ses frères et sœurs par cœur et quand Elias lui dit qu’il n’a rien en tête qui le tracasse elle ne le croit pas. Mais Tony sait aussi que, tout comme elle, ce n’est pas simplement pour lui de se confier. Elle sait que si il en a vraiment besoin il finira par le faire, comme il le fait toujours, alors elle n’insiste pas. Au lieu de ça, elle lui fait couler un café, se faisant la même chose pour elle avant de venir lui tendre le mug et se poser à côté de lui. « hm, tu travailles sur quoi en c’moment ? » Son frère lui demande alors et elle lui adresse un léger sourire. Le boulot de Tony n’a jamais été un sujet qu’elle aime discuter, encore moins avec sa famille. Cela voulait dire mentir, et elle déteste mentir à Elias, mais elle sait aussi qu’elle ne pourrait pas lui dire la vérité parce qu’elle n’aurait jamais le courage de subir le regard de désapprobation qu’elle lui donnerait sûrement. Elias sait qu’elle danse, mais il ne sait pas qu’elle fait cela dans un strip-club, et elle compte bien ne jamais lui dire. « Quelques nouvelles choré, rien de bien passionnant. Et toi alors ? » Demande-t-elle pour esquiver un peu le sujet.

Elle prend une grande gorgée de café, se brûlant presque la langue au moment où son frère reprend la parole. « et … y a quelqu’un dans ta vie, dernièrement ? » En voilà encore une question à 100 000 dollars, une question sur laquelle Tony ne préfère pas non plus dire la vérité. Pourtant à cette question, son esprit se tourne tout de suite vers Charles, ce bel avocat avec qui elle a passé plusieurs nuits. Entre eux ce n’est jamais rien de plus que du sexe, une nuit torride, des draps froissés et le lendemain un sentiment de froid et de solitude. Mais c’est ainsi qu’elle fonctionne Tony, c’est ce qu’elle pense le mieux, parce qu’elle ne veut pas s’attacher pour qu’on lui brise le cœur. « Non, personne. Et toi alors ? Un bel inconnu peut être ? » Demande-t-elle en détournant encore son attention vers lui.